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Graines de pavot : alerte en cours !


Les autorités enquêtent sur les graines utilisées dans certains pains.

Des teneurs de morphine particulièrement fortes ont été détectées.
pain aux graines de pavot

Ils n’avaient pris ni opium, ni médicament, mais ont pourtant été contrôlés positifs aux opiacés au cours de dépistages organisés par leurs entreprises.
Ces salariés avaient tout simplement consommé… du pain ou des sandwichs agrémentés de graines de pavot.

Des teneurs anormalement élevées de deux alcaloïdes, la morphine et la codéine, ont été retrouvées dans leurs urines. Informées par le centre antipoison de Paris, les autorités sanitaires ont lancé l’alerte le 1er mars.

tweet de la DGCCRF :

“Signalement aux autorités sanitaires de teneurs anormalement élevées en alcaloïdes dans des graines de pavot : des investigations sont en cours” @dgccrf/Twitter


Des taux six fois trop élevés

« Les résultats de l’étude que nous avons menée au sein de notre laboratoire ont montré que la consommation d’un seul des sandwichs analysés équivaut à 4 mg de morphine », explique à nos confrères du Parisien Jean-Claude Alvarez, chef du service de pharmacologie-toxicologie du CHU Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine), à l’origine de cette découverte.

4 mg, soit 4 000 µg, dans un seul sandwich quand l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) fixe le niveau de sécurité à 10 μg de morphine et de codéine par kilo de poids corporel.

Autrement dit, une personne de 60 kg ne devrait pas en ingérer plus de 600 μg sur une période de 24 heures…

Jusqu’à 80 alcaloïdes dans le pavot
La question se pose désormais de savoir pourquoi une telle contamination. C’est ce que recherche la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Le pavot, également appelé pavot somnifère, pavot bleu ou encore œillette bleue, est évidemment bien connu pour l’opium qu’il renferme dans sa capsule sous forme de sève laiteuse (latex). Cette substance peut contenir jusqu’à 80 alcaloïdes, comme la morphine et la codéine, dont les effets psychotropes sont notamment utilisés dans le traitement de la douleur.

Lavage, trempage et traitement thermique
Les graines – dont il est ici question – ne contiennent normalement pas d’alcaloïdes, mais peuvent être contaminées de multiples manières par le latex lors de la production ou de la récolte du pavot.
C’est pour cela qu’une recommandation de la Commission européenne du 10 septembre 2014 établit les bonnes pratiques à l’adresse des producteurs et transformateurs de la petite graine bleue.

« Les niveaux d’alcaloïdes opioïdes présents sur ces graines sont dus à de minuscules particules de poussière provenant de la paille (paroi de la capsule).
C’est pourquoi le nettoyage ou la transformation après récolte sont essentiels », précise le texte.
Lavage ou trempage à l’eau, séchage, traitement thermique font partie des techniques préconisées.

Est-ce le non-respect de l’une de ces étapes qui explique la contamination actuelle ?

« À utiliser en très faible quantité »

La présence de codéine ou de morphine dans les graines de pavot est loin d’être une première en France.

Déjà en 2017, la DGCCRF avait détecté la présence d’alcaloïdes opioïdes dans 9 échantillons de graines de pavot sur… 16 échantillons analysés !

Face aux risques liés au pavot, certains producteurs prennent les devants.
Ainsi la marque Moulin des moines, qui commercialise des graines d’œillette bleue dans les magasins bio, précise-t-elle sur l’emballage de ses paquets :
« À utiliser en très faible quantité à des fins d’aromatisation ou de décoration pour le pain. »

De son côté, la société Markal nous indique :
« Nos paquets possèdent sur l’étiquette une recommandation sur la nécessité de réaliser un traitement thermique de la graine avant consommation. »

Somnolence, confusion, nausées…
Pour l’heure, les autorités sanitaires recommandent vivement d’éviter « la consommation de produits de boulangerie contenant des quantités significatives de graines de pavot », surtout si vous conduisez ou si vous exercez une activité demandant une attention particulière.

Même conseil de prudence aux femmes enceintes ou allaitantes, enfants, personnes ayant un risque de rétention urinaire et personnes à risque respiratoire.

L’exposition à de telles teneurs peut en effet entraîner « rapidement et pendant plusieurs heures » des symptômes de type somnolence, confusion, fatigue, rougeur du visage, démangeaisons, bouche sèche, nausées, vomissements, constipation et rétention d’urine.

Si vous ressentez l’un des effets décrits après avoir consommé un produit contenant des graines de pavot, vous devez vous rapprocher d’un centre antipoison et de toxicovigilance en mentionnant cette consommation.
En l’absence de symptômes, il n’y a pas de raison de s’inquiéter.

source : https://www.60millions-mag.com/2019/03/06/graines-de-pavot-alerte-en-cours-12517