Friends | lesscriptoria: 2) - Idher-ed Waggur (1945- 1962) (Quand la lune paraît… Slimane Azem, 1955) La période qui commence au lendemain de la Libération consacrera, au terme de dix-sept ans de conflits et de drames, la séparation politique entre les trois pays du Maghreb et la France, tout en accélérant le processus d’enracinement des populations maghrébines en France. Ouverte par la terrible répression des manifestations nationalistes de l’Est algérien le jour même de la capitulation allemande, le 8 mai 1945, cette période se clôt par celle des manifestants algériens dans les rues de Paris le 17 octobre 1961. Entre ces deux dates, pour paraphraser Kateb Yacine, les artères « sont en crue » : montée inexorable des mouvements nationalistes avec l’indépendance de la Tunisie et du Maroc, puis, en 1962, de l’Algérie ; affrontements fratricides entre partisans du pionnier Messali Hadj et les jeunes fondateurs du FLN, mais aussi guerre civile larvée au sein de la société française qui débouche sur un changement de régime. En même temps, l’enclenchement du regroupement familial au sein de l’immigration algérienne, alors que la guerre en Algérie bat son plein, et la montée en puissance des migrations marocaine et tunisienne annoncent les mutations à venir. Éprouvées par la répression dans l’Hexagone et les nouvelles des souffrances de leurs proches restés au pays, les populations émigrées trouvent dans les chansons des artistes maghrébins, de plus en plus nombreux en France, l’écho de leurs interrogations intimes et de leurs attentes. Au 115, boulevard Saint-Michel, à Paris, le siège de l’AEMNA voit défiler des cohortes d’étudiants acquis au nationalisme et, à des degrés variable, à la culture française. Les poètes, romanciers et peintres du Maghreb, de plus en plus nombreux dans les années 1950, illustrent cet apparent paradoxe. Driss Chraïbi, Kateb Yacine ou Assia Djebar dans la littérature, les peintres Issiakhem, Temmam, Khadda, Cherkaoui ou Gharbaoui, et bien d’autres, sont déjà partie prenante de la scène culturelle parisienne, qui constitue pour eux une ouverture sur le monde. L’indépendance venue, la plupart ne regagneront pas leur pays d’origine. À l’image de leurs compatriotes des faubourgs ouvriers, ils sont définitivement en France, même s’ils ne le savent pas encore ou refusent une telle perspective. - L’exil blesse mon cœur (1962-1983) Partis clandestinement en 1958 pour constituer l’équipe officielle du FLN, plusieurs footballeurs algériens reviennent dès 1962 au sein des clubs français dont ils ont fait les heures de gloire dans les années 1950. Ce seul fait résume tous les paradoxes de cette période. Alors que les indépendances sont censées tarir l’immigration, la société française connaît une expansion démographique maghrébine continue avec l'arrivée précipitée des pieds-noirs et des harkis, bientôt suivis de centaines de milliers de « travailleurs immigrés ». Acceptés à titre provisoire pour de stricts besoins économiques, les prolétaires maghrébins émergent à la vie civique et font souche. Ainsi, lorsque l’incitation au retour est officiellement mise en place vers la fin des années 1970 pour, pense-t-on, combattre le chômage, les enfants de l’immigration ont déjà commencé à se manifester. Après leurs aînés qui ont multiplié grèves de la faim en 1972, de loyers en 1974 …, les jeunes disent bruyamment, à partir de l’été 1981, leur attachement à ce qui est désormais leur pays. Parcourue à la fois par des poussées xénophobes et des élans de solidarité, la société française découvre peu à peu les mutations qui la traversent. Reportages à la télévision sur les conditions de vie dans les bidonvilles puis les banlieues, publications, films et polémiques publiques se multiplient. Pierre Desgraupes à la télévision, Michel Drach etnYves Boisset au cinéma, Claire Etcherelli avec Élise ou la vraie vie, prix Femina en 1967, Enrico Macias, Idir et Djamal Allam, tous, chacun à sa manière, parlent de l’immigration. Moins connus de l’opinion française, les Raoul Journo, Blond Blond, Noura, El Harrachi animent une vie communautaire intense mais invisible. - Cher pays de mon enfance (1983 – 1989 ) Partie de Marseille dans l’indifférence, la Marche pour l’égalité et contre le racisme se termine en apothéose par le rassemblement, le 3 décembre 1983 à Paris, de près de 100 000 personnes. Les marcheurs ont fait une halte dans quasiment toutes les villes où ont eu lieu des crimes racistes ou des bavures policières. Accueillis par le président de la République, ils ont obtenu une carte de résidence de dix ans pour leurs parents. L’événement ouvre une période de médiatisation intense pour les enfants de l’immigration maghrébine, au cœur de la mode « beur » nourrie par une effervescence culturelle qui se manifeste à la fois dans le septième art, le roman et la chanson. L’accueil au Centre Georges-Pompidou d’une grande exposition sur les enfants de l’immigration consacre cette vogue. Mais le « Beur is beautiful » ne dure qu’un temps, comme en témoignent le relatif succès des marches organisées les années suivantes, l’effacement du mouvement beur derrière l’écho médiatique de la petite main des potes et les tensions épisodiques entre jeunes et policiers. Dans le même temps, la légitimité de l’appartenance des jeunes Français d’ascendance maghrébine à la nation est mise en cause à partir de 1986 par un débat passionnel sur le code de la nationalité, alimenté par des interrogations désormais récurrentes sur l’islam. En septembre 1989, un autre débat national éclate à propos du port du foulard de trois collégiennes de Creil, ce qui complique encore la perception des descendants d’immigrés. Même bienveillants, des films (Police de Maurice Pialat, Tchao Pantin de Claude Berri) ou les paroles de chanteurs consacrés (Renaud, Cabrel) évoquent les enfants d'immigrés comme des personnages marginaux et empêtrés dans l’échec. - Wesh wesh ? (1990…) (Qu’est-ce qui se passe ?) Ces vingt dernières années foisonnent d’interrogations sur la place des populations d’ascendance maghrébine dans une société travaillée en permanence par des mouvements contradictoires. D’un côté, de formidables avancées en terme de reconnaissance du pluralisme culturel et de la diversité. De l’autre, des vagues régulières de crispation et de stigmatisation d’une population renvoyée trop souvent à ses origines. À la ferveur qui entoure la Coupe du Monde de juillet 1998 succède l’indignation en 2001, après le match France-Algérie. Prise en tenailles entre les images de stars « issues de la diversité » et de jeunes des quartiers en révolte, la majorité qui négocie son enracinement est reléguée au second plan. C’est dans ce contexte que se multiplient débats et polémiques sur l’histoire coloniale et ses effets sur la société française d’aujourd’hui. À cet égard, l’enjeu pour les nouvelles générations, toutes origines confondues, consiste probablement à regarder sereinement le passé, sans amnésie ni lecture manichéenne. À le scruter sans a priori, avec ses pages sombres et ses moments d’éclat. À arpenter l’avenir « par-delà la diversité de nos passés reconnus et intégrés » " Catherine Coquery-Vidrovitch, 2009, historienne française, spécialiste de l'Afrique et professeure émérite de l'université Paris Diderot. lesscriptoria: Malika tu as eu raison de remettre Roi à sa place face à ses inepties. On en lit beaucoup que ce soit d'un "clan" ou de l'autre Il suffit de lire leurs opinions sur tel ou tel sujet, les sources citées, pas besoin de leur demander pour quel parti ils/elles votent et pourquoi toutes ces critiques incessantes sur LFI. Lorsqu'on a comme référence les laurence ferrari, cnews, europe 1, zemmour, ou des écrivains réactionnaires comme houellebecq, tout est dit. Parler de Gaza, des Palestiniens serait faire de la propagande oubliant leur propre propagande directe ou indirecte d'extrême droite. Oublient-ils que pour la Palestine ce sont essentiellement des civils qui sont morts, ce qui n'est pas le cas pour d'autres horreurs de par le monde : Je le répète encore et encore la situation à Gaza est dramatique au regard de sa population, ce sont essentiellement des civils qui sont tués par l’Etat d’Israel qui contrôle depuis des décennies les entrées et sorties à Gaza, ce dernier point semble complètement oublié dans la rhétorique d'extrême droite que l'on lit en salon) , territoire qu’elle aimerait coloniser mais qui ne lui appartient pas. Si je mets en regard L'Ukraine et Gaza : (Ca ne dit en rien que nous ne déplorons pas les morts en Ukraine ou ailleurs) Superficie Ukraine : environ 603.700 km2 – nombre d’habitants : 37 millions Superficie Gaza : environ 360 Km2 – nombre d’habitants : 2.142 millions UKRAINE : Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a vérifié plus de, il y a eu depuis le début de l'attaque militaire russe contre l'Ukraine de février 2022 jusqu'en juin 2024, soit un peu plus de 2 ANS : 30.010 victimes civiles dans le pays dont 11.284 victimes civiles mortes sur une population de 37 MILLIONS d’habitants 22.594 victimes civiles blessées sur une population de 37 MILLIONS d’habitants GAZA : il y a eu depuis le 7 octobre 2023 jusqu’en 2024 ,soit en 1 AN 43.000 victimes mortes (quasi que des civils) sur une population de 2 MILLIONS d’habitants *** 102.000 victimes blessées (quasi que des civils) sur une population de 2 MILLIONS d’habitants *** si l’on prend en compte notamment les décès suite au x répercussions indirectes sur la santé, le nombre les victimes palestiniens s’élève à 186.000 ! 186 000 morts directs ou indirects en 1 AN sur un territoire de 360 Km2 qui comportent 2.142 millions habitants : Soit l’attaque du Hamas (pas des civils Palestiens !) du 7 octobre est la plus meurtrière de l’histoire d’Israël pour I’Israel Elle a provoqué la mort de 1 205 personnes, en majorité civiles, et plus de 5 000 blessés, selon un décompte de l’AFP. Ce chiffre inclut les otages israéliens tués en captivité. 348 soldats israéliens ont été tués sur la bande de Gaza depuis le début de l’offensive terrestre, selon les chiffres de l’armée. N'oublions qu'avant le 7 octobre : il y avait eu déjà de nombreux morts avant le 7 octobre 2023 notamment : En 2008, l’opération « plomb durci » lancé par Israel a provoqué en 1 semaine près de 1.400 palestiniens morts, principalement des civils et 13 morts côté israélien. En 2012, l'opération « Pilier de défense » a causé la mort de 177 palestiniens dans la bande de Gaza, dont au moins 26 enfants. Et plus de 1 200 blessés palestiniens. Côté israélien, 2 soldats et 4 civils sont morts. En 2014 L'opération "Bordure protectrice" de juillet-août a causé la mort de 2 251 Palestiniens, dont 551 enfants, 500 000 gazaouis ont été déplacés et 100 000 laissés sans-abris ! Et pour parler d'otages, il ne suffit pas de parler les otages détenus par le Hamas (sauf à faire de la propagande d'extrême droite) Il faut aussi se rappeler qu'avant 2023 Israël détenait plus de 5 200 prisonniers palestiniens, dont au moins 170 mineurs. Environ 1 310 Palestiniens sont placés en détention administrative, une pratique qui permet à Israël de les détenir indéfiniment sans inculpation ni procès Et selon la plateforme palestine : En juillet 2024, l’ONG Addameer dénombrait 9700 prisonniers politiques palestiniens dont 79 femmes, 250 mineurs, douze députés du Conseil législatif palestinien dont Marwan Barghouti, 3380 prisonniers administratif, 300 prisonniers de Jérusalem-Est et 200 prisonniers palestiniens d’Israël. 561 prisonniers purgeaient des peines de prison à perpétuité. Avant le 7 octobre 2023, l’ONG Addameer comptait 5200 prisonniers politiques et environ 1250 prisonniers administratifs. Ces détentions arbitraires, sans inculpation ni procès, et ces violences constituent un élément clé de l’occupation israélienne. Depuis l’invasion terrestre de la bande de Gaza par Israël à la suite du 7 octobre 2023, des milliers de Gazaouis, dont des mineurs, des femmes, des personnes âgées, des personnels médicaux et des patients victimes du conflit ont été arrêtés. Le Comité international de la Croix-Rouge n’a plus accès aux prisons israéliennes, ce qui est contraire aux Conventions de Genève. Nombre d’entre eux ont été appréhendés dans des espaces protégés tels que les hôpitaux et les écoles. Plusieurs ONG israéliennes ont observé une escalade de la violence systémique à l’encontre des Palestiniens détenus par Israël depuis le 7 octobre 2023. En 2021, le nombre de Palestiniens qui ont été emprisonnés par les autorités israéliennes depuis 1967 était de 850 000. Ils ont été un million depuis 1948. Presque toutes les familles palestiniennes ont des membres qui ont subi des peines d’emprisonnement. La question des prisonniers est centrale dans la société palestinienne. Des centres de détention inhumains pour les prisonniers de la bande de Gaza Depuis le début de l’opération militaire qui a fait suite à l’attaque du Hamas et d’autres groupes armés sur le territoire israélien, le 7 octobre 2023, plusieurs milliers de Gazaouis ont été détenus. L’armée israélienne avançait le chiffre de 4000 Palestiniens de Gaza détenus depuis lors, dont 1500 auraient été libérés. Les Palestiniens arrêtés puis détenus par Israël dans le cadre de la guerre menée à Gaza l’ont été en grande partie dans le secret et ont été soumis, dans certains cas, à un traitement pouvant s’apparenter à de la torture selon un rapport publié en juillet 2024 par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. 27 prisonniers libérés et interrogés par Amnesty International, dont cinq femmes et un mineur de 14 ans, ont fait état d’actes de torture à leur encontre. Dans ces centres de détention, comme celui de Sdé Teiman qualifié de « Guantánamo israélien », les détenus ne bénéficient d’aucun droit et sont soumis à des traitements inhumains et cruels. Ceux qui ont été relâchés racontent tortures, violences sexuelles et humiliations. Des centaines de détenus y sont forcés de se tenir agenouillés pendant des heures, entravés et les yeux bandés. D’après le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, les détenus ont déclaré qu’ils étaient enfermés dans des installations ressemblant à des cages, qu’ils étaient déshabillés pendant de longues périodes et qu’ils ne portaient que des couches. Leurs témoignages font état de bandages prolongés sur les yeux, de privation de nourriture, de sommeil et d’eau, de chocs électriques et de brûlures de cigarettes. Certains détenus ont déclaré que des chiens avaient été lâchés sur eux, d’autres qu’ils avaient été soumis à la torture par l’eau, ou que leurs mains avaient été attachées et qu’ils avaient été suspendus au plafond. Des femmes et des hommes ont également parlé de violences sexuelles et sexistes. Le camp de Sde Teiman est situé dans le désert du Néguev, dans le sud d’Israël. Dans cette base militaire sont détenus des centaines de Gazaouis, sans inculpation ni jugement. De nombreux témoignages d’anciens détenus ou de personnels de santé israéliens font état de pratiques cruelles et déshumanisantes dans ce centre de détention. Selon l’ONG Physicians for Human Rights Israel, des centaines de personnes sont détenues dans des enclos en plein air, les mains et pieds menottés et tellement serrées pendant des semaines qu’elles ont provoqué des gangrènes nécessitant des amputations. et les yeux couverts pendant toute la journée, et il leur est interdit de bouger ou de parler, sous peine d’être sévèrement punies. Selon tous les témoignages, ces détenus subissent régulièrement de graves violences, entraînant des cas de fractures, d’hémorragies internes, voire de décès. L’armée israélienne a indiqué qu’au moins 48 Gazaouis sont morts dans ces camps militaires, dont 36 à Sdé Teiman. L’armée israélienne a mis en place plusieurs camps de détention depuis le 7 octobre en utilisant un cadre juridique exceptionnel. L’ensemble des détenus de la bande de Gaza, sont considérés comme des « combattants illégaux », sans aucune distinction. Ce statut, qui n’existe pas en droit international, est utilisé par Israël pour ne ne pas appliquer la Troisième Convention de Genève, et pour soustraire les Gazaouis à toute protection. Créé en 2002 et amendé après l’attaque du 7 octobre, ce statut permet selon Amnesty International de détenir sans ordre de détention jusqu’à 45 jours, sans passage devant un juge jusqu’à 75 jours et sans accès à un juge jusqu’à trois mois, toute personne venant de la bande de Gaza, sans avoir à communiquer d’informations à son sujet. Selon l’ONG Hamoked, 1402 Palestiniens étaient détenus sous le régime de combattant illégal en juillet 2024. La détention administrative La détention administrative est une procédure qui permet à l’armée israélienne de détenir une personne pour une période de six mois maximum, renouvelable de manière indéfinie, sans inculpation ni procès, plaçant les individus dans une situation de détresse psychologique et d’impuissance. En juillet 2024, l’ONG Addameer dénombrait 3380 détenus administratifs. Durant cette détention, l’avocat d’un détenu n’a pas accès à son dossier et la communication avec ce dernier est très restreinte. Mineurs prisonniers Le chiffre du nombre d’enfants palestiniens de la bande de Gaza détenus par Israël depuis le 7 octobre est inconnu. Selon l’UNRWA, 43 enfants gazaouis ont été relâchés par l’armée israélienne. Selon l’ONG palestinienne Defense for Children International – Palestine, en moyenne 500 à 700 mineurs palestiniens sont poursuivis chaque année devant les tribunaux militaires par les forces israéliennes. En juin 2024, 75 mineurs âgés de 12 à 17 ans étaient en détention administrative (sous les mêmes conditions que celles des adultes) dans les prisons israéliennes, et plus largement 226 mineurs étaient détenus par l’armée israélienne, dont un seul avait moins de 15 ans. En deux ans, le nombre de mineurs en détention administrative a été multiplié par 15. Ces chiffres ne reflètent cependant pas la situation globale des mineurs palestiniens et les persécutions récurrentes à leur encontre. Ils peuvent en effet être détenus et interrogés pendant quelques heures ou plusieurs jours, puis relâchés. De ce fait, de nombreuses arrestations ne sont pas documentées. Par ailleurs, ils sont régulièrement utilisés en tant que boucliers humains et/ou subissent les violences des colons. Ainsi, depuis l’an 2000, les autorités israéliennes ont détenu, interrogé et poursuivi environ 13 000 enfants palestiniens. Plus précisément, entre janvier 2016 et décembre 2021, 85 % des enfants arrêtés n’étaient pas informés de la raison de leur arrestation. Un système carcéral injuste L’ONG Addameer compte quatre centres d’interrogatoire, trois centres de détention et 21 prisons dans lesquels sont détenus les prisonniers palestiniens. A l’exception de la prison d’Ofer (Cisjordanie), toutes les prisons sont situées en Israël, en violation du droit international. Deux tribunaux militaires israéliens sont présents en Cisjordanie, à Salem (au nord) et Ofer (près de Ramallah). La très large majorité des condamnations résulte du « plaider coupable » (l’accusé doit plaider coupable pour que la peine requise par le procureur soit réduite). Un prisonnier peut être détenu pendant 90 jours sans voir un avocat, période qui peut être étendue une fois, soit 180 jours au total. Négligence médicale et morts en détention En décembre 2022, le nombre de prisonniers palestiniens morts en prison depuis 1967 atteignait 233, dont 74 morts imputables à des négligences médicales. A la même date, Addameer dénombrait environ 600 prisonniers palestiniens atteints de maladies, avec plus de 200 souffrants de maladies chroniques qui ne sont souvent pas traitées, et 24 ayant été diagnostiqués d’un cancer et d’autres maladies graves. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, au moins 53 détenus palestiniens sont morts dans les installations militaires et les prisons israéliennes depuis le 7 octobre 2023. lesscriptoria: https://ujfp.org/immunite-pour-netanyahou-la-france-et-les-etats-unis-donnent-un-blanc-seing-a-israel-pour-terminer-le-travail-a-gaza/ Immunité pour Netanyahou : la France et les États-Unis donnent un blanc-seing à Israël pour terminer le travail à Gaza La diplomatie française a publié ce 27 novembre un communiqué aux effets criminels dans lequel elle prétend éhontément que des “immunités s’appliquent au Premier ministre Netanyahou et aux autres ministres concernés” car Israël n’est pas signataire du Traité de Rome. Elle annonce ainsi qu’elle ne mettra pas en œuvre les mandats d’arrêts de la CPI à l’encontre de B. Netanyahou et Y. Gallant. Selon le journal israélien de gauche Haaretz, il s’agit du résultat d’un marchandage entre les États-Unis, la France et Israël, pour obtenir du gouvernement israélien la signature formelle d’un cessez-le-feu avec le Liban. Dans cet accord, les États-Unis s’engageraient également à livrer à Israël des armes qu’ils lui refusaient jusque-là. 22,76 milliards d’euros d’armes livrées par les États-Unis sur l’année écoulée : ce n’était visiblement pas assez. Autrement dit, en échange d’une signature par Israël d’un cessez-le-feu au Liban, les États-Unis et la France ont offert impunité et armes pour dire à Netanyahou « OK terminez le travail à Gaza. » Cette annonce est juridiquement, politiquement et moralement inacceptable : Elle met la France une nouvelle fois en rupture complète avec le Droit international. La jurisprudence de la CPI est constante : il n’y a aucune espèce d’immunité pour les dirigeants d’État non-signataires du traité de Rome. La France garantit l’immunité aux criminels de guerre israéliens, malgré le mandat d’arrêt de la CPI, renforçant encore leur impunité en plein génocide, les encourageant à le poursuivre. Après plus d’un an de massacres quotidiens, le gouvernement génocidaire est le principal partenaire de la France pour “la paix et la sécurité” et rien n’est envisagé pour nouer le moindre partenariat avec le gouvernement de Gaza. Le communiqué affirme en effet que “la France entend continuer à travailler en étroite collaboration avec le Premier ministre Netanyahou et les autres autorités israéliennes pour parvenir à la paix et à la sécurité pour tous au Moyen-Orient.” Elle utilise sans vergogne le vocabulaire de la collaboration avec les autorités israéliennes, pourtant si connoté. En renforçant l’idée qu’Israël et ses dirigeants sont intouchables, immunisés quoi qu’ils fassent et quoi qu’en dise le Droit international, la France nourrit les préjugés antisémites qui font d’Israël une exception en tant que prétendu « État des Juifs ». La France n’a eu aucun rôle réel dans les négociations, Macron a accédé à la demande d’immunité formulée par les dirigeants israéliens uniquement pour avoir son nom en bas de l’accord. Cette décision des autorités françaises n’est malheureusement pas une surprise. Seule une mobilisation populaire massive partout dans le monde peut contraindre les États partenaires du génocide en cours à prendre la seule décision conforme au droit et à la justice : de sanctionner fortement Israël jusqu’à ce qu’il respecte le Droit international, à commencer par un cessez-le-feu immédiat. C’est tout le sens de l’engagement de l’UJFP dans les mobilisations et dans la campagne BDS. La Coordination nationale de l’UJFP (UNION JUIVE FRANCAISE POUR LA PAIX), le 28 novembre 2024 lesscriptoria: Enchainement parfait, ce concert qui a suivi une énième manif contre les mutilations, les morts, les déportations, les privations de nourriture, d'eau potable, de soins ... à Gaza et ailleurs. AVF ... les racistes, l'extrême droite, comme disait Jelta "je vous vomis". lesscriptoria: Brav. Première partie du concert de Médine du 30 novembre, rien de tel après une manifestation contre les horreurs commises en Palestine à Gaza, au libanqu'un concert de Médine le soir, enchainement parfait Siamo tutti antifascisti ! lesscriptoria: https://meltingpot56.blogspot.com/2024/11/973-nazionistes-amsterdam.html NAZIONISTES À AMSTERDAM Des hooligans israéliens ont envahi Amsterdam en scandant « Fuck You Palestine » « Il n’y a plus d’écoles à Gaza parce qu’il n’y a plus de gosses là-bas » Il y a 15 000 Juifs qui vivent à Amsterdam. Ils semblaient bien se porter jusqu'à ce que des hooligans israéliens débarquent... Il s'avère que lorsque vous passez un an à chanter votre hymne national « Que votre village brûle », quelqu'un va vous casser les dents car, contrairement à la CPI et à la CIJ, les rues ont un processus judiciaire plus expéditif... Des hooligans sionistes ont pris d'assaut les rues d'Amsterdam la semaine dernière, arrachant des drapeaux palestiniens et intimidant les passants. La scène ressemble aux incidents qui se produisent régulièrement en Cisjordanie, où des colons fanatiques brutalisent les éleveurs de moutons et les cultivateurs d'oliviers qui vivent sur ces terres. Selon un rapport préliminaire du Middle East Eye : "Des hooligans israéliens ont provoqué des affrontements avec des jeunes néerlandais à Amsterdam jeudi après avoir scandé des slogans racistes anti-arabes, déchiré des drapeaux palestiniens et ignoré une minute de silence pour les victimes des inondations en Espagne . Des supporters en déplacement du Maccabi Tel Aviv ont semé le trouble mercredi 5 et jeudi 6 Novembre dans différents quartiers de la capitale néerlandaise avant leur match de Ligue Europa contre le club Ajax d'Amsterdam. Des hooligans ont été vus et filmés en train de retirer au moins deux drapeaux palestiniens de ce qui semblait être la façade des maisons de résidents locaux une nuit avant le match, selon le quotidien AD. Un chauffeur de taxi arabe a également été attaqué par des manifestants qui semblaient être avec les supporters israéliens, bien que la police ait déclaré qu'elle avait pas pu identifier la nationalité des assaillants car aucune arrestation n'a été effectuée. Un groupe de supporters israéliens réunis sur la place du Dam mercredi ont été filmés en train de provoquer des affrontements avec les habitants, criant « Fuck you » à certains d'entre eux et « Fuck you Palestine »". Middle East Eye La propagation de la bravade raciste et de la brutalité dans les rues d’une capitale européenne devrait inquiéter ceux qui pensaient que l’idéologie sioniste toxique pouvait être contenue au Moyen-Orient. On voit maintenant la faille de cette théorie. Le fanatisme n’a pas de frontières ni de limites géographiques. Ces jeunes sont enhardis par leur propre sentiment de supériorité profondément enraciné, un phénomène que les élites de Washington ont alimenté pendant des décennies en pensant qu’il servait leurs intérêts géopolitiques généraux. On ne peut que se demander si cette dernière explosion de violence raciste déclenchera une introspection désespérément nécessaire menant à une réinitialisation de la politique actuelle. On peut toujours espérer. Voici d’autres extraits du MEE : " Jeudi, avant le match, des supporters se rendant au stade de la Johan Cruyff Arena ont été vus en train de crier : « Que l'armée israélienne baise les Arabes ». Ils ont également refusé de participer à une minute de silence avant le coup d'envoi en mémoire des 200 personnes au moins qui ont péri dans les inondations de Valence. La police n’a procédé à aucune arrestation connue de supporters israéliens impliqués dans des actes de provocation avant le match. Au milieu des provocations contre les Arabes de la ville, des affrontements ont éclaté entre les hooligans israéliens et certains jeunes avant et après le match et tard dans la nuit. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des affrontements entre des personnes et l’intervention de la police. D’autres vidéos montrent des personnes attaquant et pourchassant certains supporters israéliens… Un porte-parole de la police a déclaré que cinq personnes ont été hospitalisées et 62 arrêtées" . On peut supposer sans risque que ce récent affrontement n'aurait pas eu lieu si la communauté internationale avait fait un effort pour faire respecter ses propres résolutions (242) exigeant que les colons sionistes se retirent du territoire palestinien (reconnu internationalement) créant ainsi l'opportunité d'une solution à deux États. Mais au lieu d'utiliser les outils à sa disposition (sanctions économiques et forces de maintien de la paix), le Conseil de sécurité de l'ONU s'est laissé aller à l'influence coercitive de Washington qui agit en réalité dans l'intérêt des éléments les plus fanatiques d'Israël. Washington a saboté tous les efforts visant à résoudre la crise israélo-palestinienne, jetant les bases d'un malaise social généralisé, du hooliganisme et même d'un génocide. Les résultats des machinations dérangées et des incessantes complaisances de l'Amérique sont évidents. La violence éclate partout. Voici d'autres informations de MEE : " Les ultras israéliens d'extrême droite sont connus pour leur violence verbale et physique envers les Palestiniens. En mars, des supporters du Maccabi Tel Aviv ont sauvagement battu un homme qui portait un drapeau palestinien à Athènes avant le match de leur équipe contre l'équipe grecque de l'Olympiakos." « Les plus hauts dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont ouvertement courtisé les supporters de football d’extrême droite en Israël et ont reçu en retour leur soutien violent. Le racisme et la violence bien documentés dont font preuve les supporters du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam reflètent la brutalité du gouvernement israélien à Gaza et au Liban », a déclaré McGeehan à MEE . « Pour débarrasser le football européen des chants génocidaires que nous avons vus de la part des supporters du Maccabi Tel Aviv, l’UEFA devrait rappeler à la Fédération israélienne de football ses obligations en vertu de l’article 7(7) de ses statuts pour éradiquer les comportements racistes et imposer des sanctions appropriées si l’IFA ne prend pas de mesures. » MEE Le rat est donc sorti de son trou. Netanyahou et ses alliés encouragent en réalité ce comportement odieux et prétendent que quiconque s’y oppose est un antisémite. Geert Wilders, le chef antimusulman du plus grand parti du gouvernement néerlandais, qui semble partager la vision du monde de Netanyahou, a qualifié les émeutes de « pogrom » tout en qualifiant les victimes arabes de « racailles multiculturelles ». Comme nous l’avons dit, ses opinions sont étroitement alignées sur celles du Premier ministre israélien. L'analyste politique israélien Ori Goldberg a résumé les événements de cette semaine à Amsterdam dans une interview diffusée vendredi sur Al Jazeera . Voici la retranscription de ses commentaires pour que les lecteurs puissent réfléchir plus facilement à ce qu'il avait à dire : "Ce qu’il faut retenir ici, c’est que ce n’est pas le Premier ministre qui fait avancer un récit. C’est le récit israélien en ce moment. Les Palestiniens – simplement par leur « existence » – sont une menace existentielle pour Israël, pour tout ce qui est israélien, et aussi pour le « bon combat » en général. Les Israéliens sont choqués que les Néerlandais ne réalisent pas qu’Israël mène leur guerre pour eux. Les Israéliens combattent la menace existentielle qui menace de s’emparer de l’Europe. Et le fait que les supporters israéliens saccagent et se révoltent au milieu d’Amsterdam, chantent des chansons racistes, grimpent sur les murs des maisons privées pour arracher les drapeaux palestiniens ; ils font juste ce qu’il faut faire. (Sarcasme) C’est une partie importante de la condition israélienne en ce moment ; un rejet complet de l’idée que les actions ont des conséquences. …. Dans ce cas, les politiques de Netanyahou et de son gouvernement reflètent le consensus israélien. … Il ne s’agit pas d’un endoctrinement par le pouvoir gouvernemental ; c’est ce que pense réellement la société israélienne. Nous sommes menacés simplement parce que nous nous trouvons dans le même espace que les Palestiniens. Nous sommes des victimes éternelles. Ce que nous faisons, nous le faisons parce que nous le devons, nous le faisons en légitime défense ou dans le cadre d'un « combat juste ». Si quelqu'un ne comprend pas cela, c'est son problème. Nous ne sommes pas soumis aux mêmes lois et règles que tout le monde et, peut-être plus que tout autre chose, cela démontre à quel point le sentiment d'une « impunité légitime » est profondément ancré dans la psyché israélienne. Les Israéliens ne devraient pas subir les conséquences de leurs actes. Nous « faisons ce que nous faisons » parce que nous n'avons pas d'autre choix. Ori Goldberg, commentaires sur le saccage sioniste à Amsterdam", Al Jazeera Enfin, voici un petit résumé de ce qui s'est passé à Amsterdam par quelqu'un qui était là et qui semble être un témoin crédible : "L’incident avec les supporters du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam devient encore plus insensé, car hier soir, ils ont été pris pour cible en raison de leur comportement horrible. Et au lieu de se demander pourquoi l’UEFA (l’Union des associations européennes de football) laisse un pays qui commet actuellement un génocide et un nettoyage ethnique contre les Palestiniens, et dont la ligue de football est remplie d’équipes racistes qui se targuent de ne pas employer d’Arabes, s’en prendre à cela. Eh bien, au lieu de s’occuper de cela, bien sûr, les sionistes et les médias occidentaux prétendent que cela ressemble en quelque sorte à l’extermination du peuple juif en Europe dans les années 1930 et 1940. Et, je suis désolé, mais c’est ridicule, et cela diminue l’héritage de ces horreurs, car ces personnes n’ont pas été ciblées en raison de leur judéité. Ils ont été pris pour cible parce que les supporters du Maccabi Tel Aviv sont des hooligans violents qui ont déchaîné les rues d’Amsterdam, attaquant des gens, arrachant des drapeaux, scandant qu’il n’y avait plus d’enfants ni d’écoles à Gaza, disant qu’il fallait laisser les forces d’occupation israéliennes gagner pour qu’elles puissent « niquer les Arabes » et autres horreurs. Ces gens doivent être bannis du football international." "La faute en incombe entièrement à l’UEFA. Il ne s’agit pas d’une explosion antisémite contre les Juifs qui aurait surgi de nulle part. Cela vient du racisme qui imprègne la société israélienne et de la façon dont il se répand à chaque fois que des Israéliens voyagent dans d’autres pays. Et, comme je le dis, l’UEFA est à blâmer, car ce n’est pas le premier incident impliquant des supporters du Maccabi Tel Aviv… En mars, ils ont battu un Palestinien jusqu’à ce qu’il perde connaissance à Athènes avant leur match… Et pourtant, au lieu de s’occuper d’eux, l’UEFA laisse ce groupe de personnes qui célèbrent le génocide et attaquent violemment ceux qui s’y opposent continuer à se promener en Europe et à faire encore plus de célébrations en espérant que les gens ne réagiront pas. C’est une farce et un ridicule, et la façon dont cela est présenté est tout simplement dégoûtant." @Teammichael777 Comme toujours, la version des événements donnée par les médias est biaisée en faveur des auteurs des faits. On ne peut pas se fier à la couverture médiatique traditionnelle. Mais ça, vous le saviez déjà. lesscriptoria: suite article meltingpot56 : AMSTERDAM ÉTAIT-ELLE UNE OPÉRATION DU MOSSAD ? Il s'agissait d'une attaque sous fausse bannière du Mossad, de toute évidence extrêmement bien coordonnée, qui a été mise en scène avec la permission des autorités néerlandaises, soutenue par des médias néerlandais corrompus, et également soutenue immédiatement par les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'UE. Tout le monde a immédiatement chanté les mêmes mensonges, « pauvres victimes juives » ! – pacifistennederland (@pacifistenneder) 9 novembre 2024 L'attaque contre des supporters du Maccabi à Amsterdam était-elle une opération du Mossad ? Ce n’est pas une question à laquelle il est facile de répondre, mais certains indices suggèrent qu’il y a plus ici qu’il n’y paraît. Commençons par l'observation de Max Blumenthal selon laquelle les fans du Maccabi ne semblaient pas se défouler de manière aléatoire comme le font les jeunes hommes dans la foule, mais semblaient être sous une structure de commandement peu organisée. Voici ce que Blumenthal a posté sur X : " Les images sont remarquables non seulement parce qu'elles montrent les voyous du Maccabi en train de provoquer la violence, mais aussi parce qu'on les voit clairement coordonner leurs actions comme une unité militaire, sous l'escorte d'agents du Mossad. À un moment donné, un voyou israélien menace le jeune journaliste et lui ordonne de ne pas filmer leur déchaînement. Pendant ce temps, la police locale disparaît pendant de longues périodes." @MaxBlumenthal Ce phénomène a été remarqué par un certain nombre d'observateurs et peut être observé dans la vidéo de 17 minutes tournée par le jeune Hollandais ( Bender ), devenu célèbre du jour au lendemain pour son journalisme intrépide et implacable. Il a suivi la foule israélienne dans les rues d'Amsterdam pendant des heures, enregistrant leurs activités erratiques et violentes jusqu'à la fin, lorsqu'ils ont été encerclés par la police néerlandaise et emmenés dans une maison de correction. Un visionnage attentif de cette vidéo montre la foule du Maccabi s'arrêtant de temps en temps et dirigée par les chefs du groupe. S'agissait-il d'agents du Mossad ? On peut pas le dire avec certitude, mais ça semble certainement suspect ; et d'autres ont tiré la même conclusion, comme Adam qui a posté ceci : " Il a été confirmé que le Mossad était présent la nuit en question. Il a également été confirmé que les provocations étaient sans fin. Nous savons maintenant pourquoi. Pour accroître à la fois l'islamophobie et le statut de victimes juives." @AdameMedia Ou Peter : " Il s'agissait d'une opération planifiée par Israël pour entraîner l'Europe dans sa folle guerre. Une ville où Juifs et Arabes peuvent continuer à vivre était l'occasion idéale." @PeterPetermac1 Ou Mirror : " Cela semble planifié. Ils veulent que leurs sionistes ressemblent à des victimes. Ils veulent effrayer les Juifs de Palestine, pour qu'ils restent en Palestine. L'antisémitisme est un art sioniste" @mirroraqsa Ou ASE: " Les médias israéliens ont rapporté que le Mossad rejoignait les hooligans israéliens à Amsterdam. L'objectif était connu, provoquer, attaquer les habitants et les citoyens ordinaires, en particulier ceux qui soutiennent l'humanité palestinienne, comme les chauffeurs de taxi." @ASE Ou Alberto : " La police néerlandaise semble très soucieuse de PROTÉGER les voyous israéliens. Je n'ai aucun doute que cela a été planifié et coordonné entre Netanyahu et Wilders comme excuse pour expulser les musulmans des Pays-Bas." @AlbertoD2022 Ou Rich : " Il semble que ce soit une opération de relations publiques israélienne depuis le début – pour semer le trouble auprès des habitants locaux, puis piéger les Juifs qui se trouvaient à proximité afin qu’ils puissent ensuite être blessés et présentés comme des victimes de l’islamo-fascisme. En attendant, Israël a une autre raison de s’en prendre durement aux Arabes." @richseng Ou Diane : " C'est une manœuvre classique que j'ai souvent observée lors du conflit en Bosnie, où un groupe provoque délibérément puis accuse l'autre camp. Cela dit, je tiens à être claire : je condamne toute violence." @DianePaul593823 Bien sûr, tout ceci n'est que spéculation, mais ce qui est sûr, c'est que des agents du Mossad ont accompagné les supporters du Maccabi aux Pays-Bas. On le sait parce que cela a été publié en gros titre dans le Jerusalem Post . Découvrez-le : Le Mossad était donc présent. La question est de savoir s'il a participé activement à ce qui s'apparente à une opération psychologique massive utilisant les footballeurs pour faire avancer ses sombres projets ? On peut pas répondre à cette question, mais on peut dire qu'il est très inhabituel qu'un gouvernement déploie ses agents de renseignement à un match de football dans une capitale étrangère. Qui d'autre fait cela ? Personne, ce qui soulève la question de savoir s’ils ont été enrôlés pour participer à une opération secrète de « coups bas » qui nécessitait leur supervision professionnelle. Qu’est-ce que cela pourrait impliquer ? Supposons que Netanyahou veuille améliorer l’image publique d’Israël – qui a été traînée dans la boue en raison de son génocide à Gaza – il pourrait approuver un plan visant à provoquer des troubles sociaux à Amsterdam afin de pouvoir utiliser ses vastes connexions médiatiques pour décrier les (inévitables) représailles musulmanes comme une soudaine poussée d’antisémitisme. Il pourrait même être en mesure de persuader ses laquais des médias de minimiser le comportement méprisable de son équipe de football raciste et de se concentrer plutôt sur la réaction des chauffeurs de taxi musulmans (qui étaient les cibles de l’hostilité du Maccabi). Lisez cet article de NBC News : "Des gangs itinérants en scooter ont attaqué et battu des supporters de football israéliens à Amsterdam, la capitale néerlandaise, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans une explosion de violence qualifiée par les autorités de « violence antisémite.". Des images circulant sur les réseaux sociaux ont montré des supporters de l'équipe de football Maccabi Tel Aviv pourchassés et agressés jeudi soir, avec une vidéo géolocalisée par NBC News près de la gare centrale d'Amsterdam montrant des combats dans les rues entre les Israéliens et leurs assaillants. « Des jeunes en scooter ont traversé la ville à la recherche de supporters du Maccabi Tel Aviv », a déclaré la maire d’Amsterdam, Femke Halsema. « Il s’agissait d’un délit de fuite. Les supporters de football ont été battus et effrayés, après quoi les émeutiers sont rapidement repartis, fuyant les forces de police qui se déplaçaient en masse hier… » Les violences ont eu lieu dans une ville qui abritait autrefois la jeune Anne Frank et sa famille alors qu'ils se cachaient des occupants nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. « Hier, il y a eu une explosion d’antisémitisme comme nous espérions ne plus en voir à Amsterdam », a déclaré Halsema. « Je condamne avec la plus grande fermeté la violence qui a eu lieu. Parmi nos résidents juifs d’Amsterdam, il y a de la peur, de la consternation, de la colère, de l’incrédulité. »… Des « émeutiers » ont « activement recherché des supporters israéliens pour les attaquer et les agresser », a déclaré le bureau de Halsema dans un communiqué. Des supporters de football israéliens attaqués à Amsterdam, NBC News Oh mon Dieu ! Est-ce qu'ils sont vraiment en train de ressasser le souvenir d'Anne Frank pour défendre la violence des hooligans racistes ?!? Oui, c'est exactement ce qu'ils font... Le journaliste qui a écrit ces bêtises a-t-il au moins vérifié sur Internet ce qui s'est réellement passé ? Se rend-il compte que même le rapport officiel de la police d'Amsterdam contredit sa version absurdement inexacte des faits ? Cet article est tellement éloigné de la réalité et pourtant si semblable à de nombreux autres articles à l'emporte-pièce qui paraissent aujourd'hui dans les médias grand public, qu'il faut un effort coordonné pour déformer la vérité et convaincre le public que les auteurs sont en réalité les victimes. Est-ce pour cette raison que le Mossad a accompagné le Maccabi à Amsterdam, pour créer un incident qui pourrait servir à consolider l'image écornée d'Israël comme victime éternelle ? Voici comment l'analyste politique Kevork Almassian a résumé la situation : " Observez attentivement : tous les supporters d’Israël répètent exactement les mêmes mots depuis les affrontements dans les rues d’Amsterdam. Coïncidence ? Pas vraiment. Ils suivent un scénario – une campagne médiatique coordonnée, tout simplement. Et maintenant, demandez-vous : que faisaient les agents du Mossad et les soldats israéliens parmi les hooligans du football ? Étaient-ils là pour déclencher la violence ? Ne prétendons pas que les agents des services secrets étrangers n’étaient qu’en visite de passage. @KevorkAlmassian Cela vous semble-t-il convaincant ? Pour moi, oui. Ceci est tiré d'un article de The Cradle : " Les principaux médias néerlandais, relayés par les médias israéliens et occidentaux, ont rapidement transformé les événements en « pogrom » visant les Juifs, effaçant le contexte des provocations des hooligans qui avaient déclenché les affrontements. Les reportages ont sensationnalisé les violences, les décrivant comme des attaques antisémites préméditées . Dans un revirement presque farcesque, certains ont affirmé que des vols d’évacuation d’urgence avaient été organisés pour sauver les prétendues victimes, évoquant des images de la Russie du XIXe siècle avec ses massacres et ses villages incendiés. Le récit exagéré a déplacé l'attention des provocations des hooligans vers une représentation soigneusement construite de la victimisation. Ensemble, leurs voix ont transformé une nuit de chaos en un crescendo soigneusement élaboré de victimisation, occultant les provocations qui avaient déclenché la réaction. À la fin du 8 novembre, l'histoire ne portait plus sur l'agression des hooligans, mais avait été réécrite pour servir les intérêts politiques et médiatiques, détournant l'attention de la vérité vers un spectacle d'indignation morale. Le « pogrom » fabriqué : l'armement du chaos à Amsterdam, " The Cradle « Des attaques antisémites préméditées » ? « Un pogrom visant les Juifs » ? Dans la ville libérale d’Amsterdam, vous vous foutez de nos gueules ? Alors, que se passe-t-il réellement ici, et pourquoi tant de commentateurs pensent-ils que cette opération étrange (du Mossad ?) à Amsterdam a quelque chose à voir avec le renforcement de l’idée de victimisation juive ? Ils ont ce sentiment parce que tous les médias traditionnels et tous les puissants politiciens occidentaux ont délibérément déformé ce qui s'est réellement passé afin de présenter les tyrans israéliens comme des victimes impuissantes. Voilà pourquoi ce c**nard de Retailleau veut à tout prix que le Match France-Israël se tienne comme prévu au Stade de France... Il est donc naturel que beaucoup de gens en concluent qu’Israël accorde une grande valeur à sa désignation de « victime éternelle », ce qui est logique, après tout, une victime est « une personne soumise à l’oppression, aux difficultés ou aux mauvais traitements » (Merriam-Webster). C’est pas elle qui opprime ou qui inflige des difficultés ou de l’oppression. Et une victime peut agir en toute impunité, car elle est la cible des abus et non l’auteur des sévices. Ainsi, une victime peut commettre les crimes les plus odieux imaginables – même le génocide – tout en prétendant être complètement irréprochable parce que, en tant que victime, elle n’agit que pour se défendre. Vous voyez ? Le statut de victime est l’alibi parfait pour un comportement de Nazis. Est-il étonnant qu’Israël ait choisi de renforcer cette désignation « plaquée or » en provoquant un incident qui ressusciterait le fantôme de l’antisémitisme européen ? M56 lesscriptoria: Au Liban, Israël frappe encore et encore la population civile L’armée israélienne affirme concentrer ses tirs sur le Hezbollah. Ces attaques sont plutôt « indiscriminées », comme l’affirme Amnesty International, et comme Mediapart a pu le vérifier dans un hôpital de la banlieue de Beyrouth, et auprès de journalistes également ciblés. Beyrouth (Liban).– Six portraits des membres de la famille al-Moqdod flottent, comme suspendus au fil du temps, au-dessus d’une petite ruelle qui s’enfonce dans le quartier populaire de Jnah, dans la banlieue du sud de Beyrouth. Celui du petit Ali, garçon au tee-shirt blanc, short en jean, qui pose le pouce en l’air devant un arbre feuillu. Ceux de jeunes filles, Céline, vêtue d’une robe rose et d’une couronne dans les cheveux, Fatima et Sila, une fleur chacune au coin de l’oreille, et Zeineb, au sourire amusé. Au centre, Mona, plus âgée, a le regard serein. Six visages tendres qui semblent défier l’étendue de dévastation qui s’ouvre devant elles et lui, là où jadis se tenait leur immeuble ; là où précisément ils ont été tué·es par un bombardement israélien, dans la soirée du lundi 21 octobre. Il était presque 10 heures lorsque l’explosion a éventré le lotissement. Hussein al-Moqdod, membre de la famille et voisin, peine à trouver ses mots pour décrire la tragédie. « Un, deux, trois, quatre, cinq », dit-il, l’air hagard, en tentant de se souvenir, deux semaines après les faits, du nombre de bâtisses détruites dont il ne reste que des blocs de ciment concassés et des ronds à béton entremêlés. « C’étaient des maisons rien de plus normales. Avec des habitants rien de plus normaux. Des femmes, des enfants. Des Soudanais, des Syriens. Des gens qui n’ont rien à voir avec la guerre », se désole-t-il, la voix lourde. Dix-huit personnes ont été tuées, dont quatre enfants, et soixante blessées, selon un bilan du ministère libanais de la santé, s’ajoutant à la longue liste des victimes des attaques israéliennes au Liban depuis le 8 octobre 2023 : 3 445 personnes tuées, dont 666 femmes et 223 enfants, et plus de 14 000 blessées. Contactée, l’armée israélienne affirme avoir « frappé un site terroriste du Hezbollah situé près de l’hôpital universitaire Rafic-Hariri à Beyrouth », précisant que « la frappe n’a pas endommagé l’hôpital ». Une affirmation fausse, comme Mediapart a pu le vérifier indépendamment sur place : sa façade sud a été endommagée et ses vitres ont été soufflées. Les massacres succèdent aux massacres Par ailleurs, sur le site du bombardement, rien n’indique une quelconque présence d’équipement militaire ou de combattants. Le paysage n’y est que cendres et poussière, et, au milieu des ruines, on ne distingue que des bribes de vie : ici, des vêtements, une couverture, un oreiller déchiqueté ; plus loin, une boîte de conserve et les restes d’un ventilateur. Dans les immeubles alentour, gravement endommagés, dont certains, éventrés, attendent de s’effondrer, Hussein al-Moqdod pousse porte après porte pour montrer des logements figés dans le temps depuis qu’ils ont été abandonnés par leurs habitant·es après le bombardement. « Est-ce qu’on dirait une base du Hezbollah ? », demande-t-il, en pénétrant dans le salon de l’appartement de son frère, meublé d’un modeste canapé, d’une table basse, de deux fauteuils, sur lesquels le toit s’est effondré. Au cours des dernières semaines, les massacres se suivent et se ressemblent : vingt-quatre morts à Aïto dans le nord du pays, le 14 octobre ; seize morts à Nabatieh deux jours plus tard, parmi lesquels le maire de la ville et des secouristes ; trente-cinq morts à Barja, sur le littoral du Chouf, le 6 novembre ; vingt-sept morts près de Byblos, dont sept enfants, le 10 novembre ; quatorze morts à Aïn Yaacoub, dans la région de l’Akkar, le lendemain... Chaque fois, le scénario est le même : Israël frappe une maison, un immeuble d’habitation ou un bâtiment public, sans avertissement, tuant des civils. L’État hébreu dit prendre « toutes les mesures possibles pour minimiser les dommages causés aux civils » au cours de ses opérations, une affirmation qui ne convainc pas Aya Majzoub, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. « Des frappes sur lesquelles nous avons enquêté, nous avons conclu qu’Israël lance des attaques indiscriminées, sans distinction entre civils et combattants, et parfois des attaques directement contre les civils, cingle la chercheuse. Chaque cas doit être étudié précisément. Si les frappes ne respectent pas le droit international humanitaire, elles sont illégales et relèvent donc de crimes de guerre. » Le système de santé bombardé Les « avertissements », envoyés parfois en pleine nuit à la population libanaise par l’armée israélienne avant certaines attaques, sans être pour autant systématiques, sont décrits comme « trompeurs et inadéquats » par Amnesty International, qui précise qu’ils ne dispensent pas Israël de ses obligations de « ne jamais cibler les civils ». Pas plus que « la présence d’objectifs militaires à un endroit particulier ne dispense l’armée israélienne de son obligation, en vertu du droit international humanitaire, de respecter les principes de distinction [entre les objectifs militaires et des cibles civiles – ndlr] et de proportionnalité », ajoute Aya Majzoub. Dans les hôpitaux libanais, l’afflux de civils, grièvement blessés, laisse les médecins désemparés. « Les patients qui nous arrivent sont des gens normaux », observe le docteur Omar Mneimneh. « Ce sont des civils, des personnes âgées, des hommes, des femmes et des enfants de parfois 8 ou 9 ans. Avec de graves plaies et brûlures aux mains, au visage, aux membres. Ils vont être affectés toute leur vie », poursuit-il, devant l’entrée de l’hôpital Sahel, à Ghobeiry, où il exerce. Face à l’afflux de cadavres, le personnel a été contraint de mettre en place un circuit direct vers la black zone, la morgue. Dans les couloirs du bâtiment de huit étages, il n’y a plus que les courants d’air qui vont et viennent. Sur son compte du réseau social X, l’armée israélienne a publié une vidéo, le 22 octobre, accusant l’hôpital d’abriter dans ses sous-sols « l’infrastructure financière centrale » du Hezbollah. Ce jour-là, le bâtiment a dû évacuer tous les patient·es, par crainte d’être bombardé. Mediapart n’a trouvé la trace d’aucun tunnel ni de cache sous l’hôpital lors d’une visite sur place. Mais pour le personnel, le mal est fait. « Désormais, nous ne recevons que des urgences et quelques patients pour des dialyses et des chimiothérapies car depuis les menaces d’Israël nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir beaucoup de personnes au cas où nous devrions évacuer à nouveau », regrette Omar Mneimneh. Bien qu’il soit protégé par le droit international humanitaire, le système de santé paye lui aussi un lourd tribut depuis le début de la guerre. Israël a frappé à plusieurs reprises des ambulances et des infrastructures, accusant le Hezbollah de s’en servir pour transporter des armes et des combattants, sans jamais en apporter la preuve. Au moins 179 travailleurs du secteur ont ainsi été tués et plus de 300 ont été blessés, selon le ministère de la santé. Par ailleurs, huit établissements ont été mis hors service et vingt-huit autres ont subi d’importants dégâts. Ces attaques sont décrites par Human Rights Watch comme des « crimes de guerre apparents », dans un rapport paru le 30 octobre. Des journalistes visés Les journalistes, également protégé·es par des traités internationaux, sont pris·es pour cible. Tôt le 25 octobre, le caméraman Ghassan Najjar et son technicien Mohammed Reda, employés par la chaîne d’information pro-Iran Al-Mayadeen, basée à Beyrouth, ainsi que le journaliste Wissam Qassem, de la télévision du Hezbollah Al-Manar, ont été tués par une bombe israélienne qui a pulvérisé leur chalet dans un complexe hôtelier à Hasbaya, au pied du mont Hermon, non loin de la ligne de démarcation qui sépare les deux pays. L’attaque a eu lieu en pleine nuit, à environ 3 h 30, alors que les dix-huit journalistes présents sur place dormaient. Comme ses collègues qui réalisaient des directs télévisés depuis les collines proches de la frontière, Yumna Fawaz, journaliste pour la chaîne libanaise Murr Television (MTV), grande reporter expérimentée qui a parcouru les terrains de guerre au Yémen, en Irak et en Syrie, avait choisi cet enchevêtrement de chalets pour dormir car l’endroit était considéré comme « sûr » malgré « sa proximité avec la ligne de front », explique-t-elle. « Hasbaya n’avait jamais été bombardé avant. C’est un village druze, que les habitants n’ont pas évacué. » Lorsqu’on parle de ciblage de journalistes, on parle de crimes de guerre. Jonathan Dagher, responsable Moyen-Orient à Reporters sans frontières Le plafond de la maisonnette où logeait son équipe s’est effondré, raconte la journaliste, le cou enfermé par une minerve, assise sur le canapé de son appartement de Beyrouth. La journaliste a aussi été blessée au bras, aux jambes et à la tête. Pour elle, aucun doute, « c’est une attaque délibérée ». « C’est un message à tous les journalistes, ils ne veulent pas que nous documentions ce que [l’armée israélienne fait] au Liban », s’insurge-t-elle. L’armée israélienne dit avoir « frappé une cible contrôlée par le Hezbollah d’où les agents de l’organisation ont agi », précisant que ces derniers « se trouvaient dans le bâtiment ». Une affirmation fausse, selon les témoignages récoltés par Reporters sans frontières (RSF). « Selon tous les éléments, c’est une frappe qui a directement visé des journalistes, tranche Jonathan Dagher, responsable du bureau Moyen-Orient à RSF. Il s’agit d’une frappe ciblée, il n’y avait pas d’autres frappes dans la zone à ce moment-là. Et lorsqu’on parle de ciblage de journalistes, on parle de crimes de guerre. » Cinq enquêtes indépendantes ont déjà conclu que sept journalistes ont été pris délibérément pour cible par un tir d’un char israélien, le 13 octobre 2023 à proximité d’Alma El-Chaab (sud), alors qu’ils étaient parfaitement identifiables. Le photojournaliste de Reuters Issam Abdallah a été tué et sa collègue de l’Agence France-Presse a été grièvement blessée. Au Liban, la liste des potentiels crimes de guerre commis par l’armée israélienne s’allonge de jour en jour sans que rien ne semble y mettre un frein. Depuis plus d’un an, des organisations non gouvernementales et internationales alertent déjà sur le processus génocidaire conduit par la même armée à Gaza. Nissim Gasteli Boîte noire Je me suis rendu dans la banlieue sud de Beyrouth. Dans la matinée du 31 octobre, j’ai rencontré des survivants de la frappe qui a tué dix-huit personnes dans le quartier de Jnah, dix jours plus tôt. Le même jour, j’ai visité l’hôpital Sahel, y compris ses sous-sols, accompagné du docteur Omar Mneimneh, pour vérifier les accusations d’Israël qui affirme que le bâtiment dissimule des couloirs vers une cache du Hezbollah. Je n’ai pu trouver aucun élément laissant penser que ces accusations sont vraies. lesscriptoria: Le sionisme : un colonialisme de remplacement (1) Par Pierre Stambul : un des porte-paroles de l’Union juive française pour la paix, association juive antisioniste Le sionisme s’est défini comme « un mouvement national du peuple juif visant à la formation d’un foyer national juif ». En réalité, le sionisme est une réponse à l’antisémitisme, mais c’est la pire des réponses. C’est une théorie de la séparation qui proclame que Juifs et non-Juifs ne peuvent pas vivre ensemble, ni dans le pays d’origine ni dans le futur État juif. C’est un roman national qui a inventé une histoire fantastique – « Les Juifs rentrent chez eux après 2000 ans d’exil ». Mais cette histoire est fausse : les femmes et les hommes descendants des Judéens de l’Antiquité sont essentiellement les Palestiniens et les Juifs sont pour la plupart des descendants de personnes converties à différentes époques et dans différentes régions (1). C’est un nationalisme particulier qui a inventé le peuple, la langue et la terre. Le peuple, parce que « peuple juif » est une notion religieuse, mais prétendre qu’un Polonais juif et un Irakien juif appartiennent au même peuple, c’est une construction historique. La langue, parce qu’il existait des langues juives (le ladino, le judéo-arabe, le yiddish), mais que l’hébreu était réservé au seul usage religieux. La terre, parce que pour les Juifs religieux, il était interdit de « retourner » en Terre sainte avant l’arrivée du Messie. Les Juifs laïques aspiraient quant à eux à l’émancipation et à l’égalité des droits là où ils et elles vivaient. Le sionisme a copié sur les nationalismes européens le modèle meurtrier de l’État ethniquement pur. C’est aussi une idéologie qui s’appuie sur l’antisémitisme, car sionistes et antisémites partagent la même idée : les Juifs doivent quitter l’Europe. Une société séparée : On prête à l’écrivain britannique Israel Zangwill la fameuse formule « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Les sionistes rêvaient de créer leur futur État dans un territoire inhabité. Or la Palestine, choisie avec l’espoir de plaire aux religieux, n’était pas vide. Il y avait plus de 400 000 « Arabes » qui vivaient en Palestine au moment du congrès fondateur du sionisme, le congrès de Bâle en Suisse en 1897(2) ; il y avait donc une majorité musulmane, environ 10 % de Chrétiens et 5 % de Juifs autochtones. Les sionistes créent en 1898 la Banque coloniale juive chargée de collecter des fonds pour acheter des terres en Palestine et, en 1901, le Fonds national juif chargé de « judaïser » le territoire. Les fondateurs du sionisme, pour la plupart, n’étaient pas croyants. On prête la formule « Dieu n’existe pas mais il a donné cette terre au peuple juif » à David Ben Gourion(3). La Bible a été utilisée comme un livre de conquête coloniale, comme un cadastre. Il était impossible de réussir une conquête individuelle de cette terre, il fallait une conquête collective. Les « sionistes socialistes » ont su créer les institutions collectives qui allaient déposséder les Palestiniens et Palestiniennes de leur propre pays. C’est donc très vite l’aile sociale-démocrate qui devient majoritaire dans le mouve- ment sioniste. En 1920, le syndicat Histadrout est fondé. L’article numéro un de ses statuts est « la défense du travail juif ». Un appel à boycotter les magasins arabes constitue sa première action (1921). La Histadrout va fonder la compagnie Solel Boneh des travaux publics, la compagnie Mekorot des eaux, la compagnie Zim de navigation, la compagnie Egged des autobus, l’armée (la Haganah), l’Agence juive (chargée d’installer les nouveaux immigrants et immigrantes), les principales banques, assurances et caisses de retraite. Le tout est réservé à la minorité juive. Le kibboutz, tant loué comme expérience de socialisme, était réservé aux seuls Juifs et Juives. Selon l’historien Shlomo Sand, il a constitué essentiellement un instrument de conquête. Les kibboutz se sont installés là où les « Arabes » étaient nombreux : en Galilée, aux frontières, au nord du désert, autour de Gaza. Avec l’accord et le soutien du colonialisme britannique, les sionistes ont créé un véritable État, des décennies avant la Deuxième Guerre mondiale. Derrière cette colonisation ethnique, il y avait la volonté d’expulser les autochtones, de créer un homme nouveau et d’effacer 2000 ans d’histoire juive. Les sionistes considéraient la diaspora comme une parenthèse tragique. L’obsession démographique : Le programme de la colonisation peut se résumer à « un maximum de territoire et un minimum d’Arabes ». Les premiers colons ont acheté des terres à des féodaux absents pour expulser les métayers présents. Cette colonisation s’est très vite militarisée. Il n’y a plus de débat historique sur la Nakba(4), mot arabe signifiant la catastrophe. Les historiens palestiniens ont aussitôt expliqué que leur peuple avait été chassé de ses terres par les Israéliens. Mais la propagande israélienne a tout de suite repris les propos de David Ben Gourion : « Nous n’avons expulsé personne, les Arabes sont partis d’eux-mêmes ». On était dans le déni. Quand, en 1988, les archives israéliennes sont devenues accessibles, les historiens israéliens, qu’ils soient sionistes comme Benny Morris, non sionistes ou antisionistes comme Tom Segev, Ilan Pappé, Avi Shlaïm ou Shlomo Sand, ont confirmé le récit palestinien. En 1948, il y a donc eu un nettoyage ethnique prémédité et un grand nombre de crimes de guerre : Tantura(5), Deir Yassine(6)… Le plan Dalet (la lettre D en hébreu) prévoyait l’expulsion de tous les Palestiniens, hommes, femmes et enfants(7). L’expulsion de 800 000 Palestiniens a permis de s’emparer des terres : avant 1948, les sionistes en possédaient 8 %, ils en détiendront 92 % après la guerre. Alors que la résolution 194 de l’ONU exige le retour des réfugié·e·s palestiniens, Israël interdit ce retour, détruit plus de 500 villages, confisque les terres et efface les traces de la Palestine. Les terres prises aux Palestiniens vont être données aux nouveaux immigrants. Les Palestiniens ont ainsi été remplacés par de nouveaux arrivants souvent venus du monde arabe. Il était fondamental pour les sionistes d’avoir une nette majorité juive dans le nouvel État juif. Une citoyenneté à deux vitesses : Les Palestiniens et Palestiniennes qui ont échappé à l’expulsion en 1948 sont des miraculés. Ils ont été d’entrée des citoyens de seconde zone, soumis à un couvre-feu jusqu’en 1966. Bien sûr, ils ont le droit de vote. Il n’était pas difficile de leur donner ce droit puisque, après le nettoyage ethnique de 1948, ils ne représentaient que 10 à 20 % de la population. Cette minorité ne menaçait pas le caractère ethnique de l’État juif. La majorité du territoire est interdite aux « Palestiniens de 48 » (ils préfèrent être désignés ainsi). Plus de la moitié d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, contre 15 % des Juifs israéliens. Amnistie internationale a conclu, après une longue enquête, en février 2022(8), qu’Israël était un État d’apartheid. Le rapport a établi que la situation d’apartheid concerne autant les Palestiniens des territoires occupés que les Palestiniens vivant en Israël. Les Palestiniens de 48 ont connu plusieurs massacres : 48 morts à Kafr Qasem en Galilée le 29 octobre 1956. Les paysans n’avaient pas été prévenus du changement d’heure du couvre-feu et Magav, la police des frontières, a tiré sans sommation. Ces Palestiniens ont été l’objet d’un vol systématique de leurs terres. Le 19 février 1976, le gouvernement travailliste dirigé par le premier ministre Yitzhak Rabin décide de confisquer 2500 hectares de terres palestiniennes. Une grève générale de protestation s’organise. Le 30 mars, l’armée tire, il y a six morts et des centaines de blessés et d’em- prisonnés. Depuis 1976, on célèbre en Palestine la « Journée de la Terre » le 30 mars. Après 1948, des milliers de Palestiniens qui avaient échappé à l’expulsion hors des frontières n’ont pas pu retourner chez eux : leurs terres ont été confisquées en fonction de la loi sur la propriété des absents votée en 1950. Il y a aujourd’hui une quarantaine de « villages non reconnus » dans le nord d’Israël, en Galilée, où vivent ces réfugiés spoliés. Au nord du désert du Néguev, désert du Naqad en arabe, c’est pire. Il n’y a que cinq villages où les Bédouins, dont les terres ont été volées, ont le droit d’habiter. L’État d’Israël ne reconnait pas les actes de propriété de ces Bédouins. Environ 120 000 d’entre eux, alors qu’ils sont citoyens israéliens, vivent dans des villages non reconnus, sans route, sans eau, sans électricité, sans école et où toute construction en dur est systématiquement détruite. lesscriptoria: faut dire que c'est assez drôle vu de loin, de les lire remettre en question ce que rapporte Malika en citant des sites et mettant des liens d'historiens lesscriptoria: suite Par Pierre Stambul La colonisation sans frein : Il n’y a plus de débat sur l’origine de la guerre des Six Jours en 1967. La conquête de la totalité de la Palestine historique(9) avait été prévue dès la fin de la guerre de 1948. Et ce sont les travaillistes, au pouvoir en 1967, qui vont commencer la colonisation. Plusieurs milliers de Palestiniennes et Palestiniens de la vieille ville de Jérusalem sont expulsés. La superficie de Jérusalem-Est est multipliée par dix. La colonisation de Jérusalem-Est se poursuit avec le projet affirmé que les Palestiniens y deviennent minoritaires. Il y a aujourd’hui 350 000 Palestiniens qui ont un statut particulier fragile de « résident » et 240 000 colons juifs à Jérusalem-Est. Le « Grand Jérusalem » a été annexé et il coupe la Cisjordanie, isolant Ramallah au nord de Bethléem au sud. Suivant le plan établi par le ministre Yigal Allon, les premiers colons s’installent dès 1967 dans la vallée du Jourdain ou à Beit Omar. Sur le plateau du Golan, la population syrienne a été expulsée, à l’exception des Druzes. Des milliers de colons installent des ranchs, plantent des vignes et surtout s’emparent de l’eau, car le plateau est le château d’eau de la région. L’occupation de la Cisjordanie a grandement profité aux Juifs religieux. Jusque-là, la conception majoritaire de la religion juive n’était pas territorialiste, mais cela a changé quand les disciples du rabbin Kook ont constitué la majorité des religieux. Les Palestiniens sont pour eux des intrus, car « Dieu a donné cette terre au peuple juif ». Ils créent le mouvement d’extrême droite Gush Emonim (le Bloc de la foi). Pour ces religieux, la conquête signifie que le Messie est arrivé. Avec le soutien de l’armée et du gouvernement, les colons occupent méthodiquement la Cisjordanie. De véritables villes sont construites, souvent financées par des Chrétiens sionistes états-uniens, car même s’ils sont antisémites, ils pensent que le retour des Juifs en terre sainte favorisera le retour du Christ. Chaque nouvelle colonie s’établit selon la même méthode : une terre est déclarée « vide » ; on y installe une entreprise, une décharge, un hangar pour occuper le territoire. Puis l’urbanisation commence. Aujourd’hui, ce sont les colonies et le mur qui encerclent les villes et les villages palestiniens alors que les colons sont quatre fois moins nombreux que les Palestiniens. Les colons occupent les terres, pillent l’eau et détruisent les maisons et les cultures des autochtones. L’annexion rampante : Tous les dirigeants israéliens ont largement contribué à la colonisation, y compris Yitzhak Rabin, le premier ministre qui a signé les accords d’Oslo en septembre 1993. Pendant les 26 mois qui séparent la signature de ces accords de l’assassinat de Rabin en novembre 1995 par un juif extrémiste religieux, Rabin installe 60 000 nouveaux colons. « Courez vers les collines, ne laissez pas même une colline de la Cisjordanie inoccupée » : ces propos du premier ministre Ariel Sharon traduisent une évolution au début des années 2000. La colonisation a pour effet de fragmenter la Palestine en régions aux statuts de domination différents, la Cisjordanie étant elle-même divisée en trois zones. En théorie, la zone A est sous souveraineté palestinienne, la zone B sous souveraineté partagée et la zone C, totalement dominée par l’occupant, couvre 62 % de la Cisjordanie. Dans les faits, l’armée israélienne intervient quand elle veut et comme elle veut dans toute la Cisjordanie. La « ligne verte », la ligne d’armistice depuis la fin de la guerre de 1948-1949 et la frontière internationalement reconnue, a totalement disparu. Le mur, construit au début des années 2000, mesure plus de 700 km, enferme les Palestiniens, et annexe de fait à Israël plus de 12 % de la superficie de la Cisjordanie(10). Les colons sont à la fois, selon les endroits, des fanatiques religieux, des banlieusards attirés par des logements à bas prix ou des Juifs nouvellement arrivés. Des routes de contournement permettent aux colons de se rendre en peu de temps à Tel- Aviv ou à Jérusalem tandis que la Cisjordanie est truffée de points de contrôle (check- points) qui rendent les déplacements très difficiles. Les colons relèvent de la justice civile tandis que les Palestiniens relèvent de la justice militaire. La colonisation de la Cisjordanie entraine la séparation complète entre occupants et occupés. Au même moment, la Bande de Gaza est bouclée par terre, par mer et par air. Avec la colonisation, les actes de cruauté se multiplient : exécutions sommaires, emprisonnements massifs, confiscation des terres, de l’eau, des ressources, des voies de communication, blocus de Gaza, génocide. À Jérusalem-Est, la Bible est mise au service de la colonisation : l’existence légendaire du roi David est célébrée dans le quartier de Silwan où l’occupant construit le Musée du roi David, le parc du roi David, la maison du roi David et un téléphérique roi David. Plusieurs milliers de Palestiniens de ce quartier populaire ont été expulsés et leurs maisons confisquées. C’est sans doute à Hébron que l’apartheid est le plus criant. Plusieurs milliers de colons intégristes se sont installés dans le cœur historique de la ville. Ils sont protégés par l’armée. Ils déversent leurs ordures dans la rue principale. Ils éduquent leurs enfants à lancer des pierres aux écoliers palestiniens. Ils ont ruiné le souk d’Hébron. Gaza, entre enfermement et génocide : Israël a tenté d’occuper Gaza. Ainsi, il y avait avant 2005 un peu plus de 8000 colons – 200 fois moins nombreux que les Gazaouis – protégés par des soldats omniprésents. Ils pillaient l’eau et les meilleures terres pour produire… des fleurs. Par la suite, l’évacuation de Gaza par Ariel Sharon a permis de redéployer l’armée et d’inventer une nouvelle expérience : l’enfermement de plus de deux millions de personnes bouclées par terre, par air, et par mer sur un petit territoire de 40 km sur 10 km. Tout est organisé pour interdire à Gaza de produire, pour que les Gazaouis deviennent des mendiants, parqués dans leur réserve devenue un marché captif où l’occupant déverse les produits dont il ne veut plus. Quand Gaza est bombardée, l’occupant détruit en priorité la centrale électrique, la station d’épuration d’eau et les fermes à poulets. Il déverse régulièrement des herbicides dans les champs. Gaza ne peut ni importer ni exporter. L’eau disponible pour les Gazaouis est non consommable à 97 %, car l’occupant capte l’eau en amont de la nappe phréatique. Il n’y a que quelques heures d’électricité par jour. Le génocide en cours depuis le 7 octobre 2023 s’inscrit dans la suite logique de cette nouvelle forme de colonisation. Résister à la colonisation Et pourtant, la Palestine n’a pas disparu et les Palestiniens représentent 50 % de la population entre la mer et le Jourdain. Israël, qui se prétend une démocratie(11), a été qualifié d’État d’apartheid par Amnistie internationale. La Palestine a été fragmentée en territoires aux différents statuts de domination. La colonisation engendre une nouvelle forme de résistance : la bataille pour l’égalité des droits. Les sionistes ont rêvé que les Palestiniens disparaîtraient ou seraient définitivement vaincus, expulsés ou enfermés dans des réserves comme les Autochtones d’Amérique du Nord ou les Aborigènes d’Australie. Mais, pour l’instant, ils n’y sont pas parvenus. Notes (1) L’historien israélien Shlomo Sand a rétablit dans Comment fut inventé le peuple juif (Paris, Flammarion, 2010) l’existence de communautés juives dans l’empire khazar, au Maghreb, au Yémen ou au Kurdistan, nées de diverses conversions[↩] (2) Le congrès devait avoir lieu initialement à Munich mais la quasi-totalité des rabbins allemands a signé une pétition contre la « folie sioniste ».[↩] (3) Ben Gourion est un des fondateurs de l’État d’Israël. Il a été premier ministre du pays de 1948 à 1954 et de 1955 à 1963.[↩] (4) Dans le monde arabe, ce terme désigne l’expulsion par les Israéliens de plusieurs centaines de milliers d’habitants de la Palestine, environ les trois quarts, qui vivaient dans les limites de l’État juif telles que tracées par les Nations unies, pendant la guerre de 1948-1949 opposant Israël et les pays arabes voisins.[↩] (5) Le massacre de Tantura, village situé au sud de Haïfa, continue d’être nié malgré les recherches effectuées par Teddy Katz et le film documentaire israélien Tantura d’Alon Schwarz (2022).[↩] (6) Le massacre de ce village situé tout près de Jérusalem est perpétré le 9 avril 1948 par les milices de l’extrême droite Irgoun et Lehi.[↩] (7) Lire Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine, Montréal, Rue Dorion/Paris, La Fabrique, 2024. Cet ouvrage a d’abord été publié chez Fayard en 2008.[↩] (8) Amnistie internationale, L’apartheid israélien envers le peuple palestinien : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité, Londres, 2022.[↩] (9) Le territoire de la Palestine est globalement délimité par la mer Méditerranée à l’ouest, par le désert à l’est du fleuve Jourdain et au sud par la péninsule du Sinaï. (Wikipédia).[↩] (10) Sa construction a été commencée par le premier ministre Ariel Sharon et par le ministre travailliste Fouad Ben Eliezer.[↩] (11) Une plaisanterie que l’on entend en Palestine : « Israël est un État démocratique pour les Juifs et juif pour les Arabes ».[↩] lesscriptoria: Définition de L'Encyclopédie politique : la politique d'extrême droite comprend « des personnes ou des groupes qui ont des opinions extrêmement nationalistes, xénophobes, racistes, fondamentalistes religieuses ou autres opinions réactionnaires » Son autoritarisme et son hostilité aux principes démocratiques peuvent conduire certains mouvements d'extrême droite à faire preuve de violence, voire de terrorisme pour imposer leurs vues. Les mouvements d'extrême droite sont aussi caractérisés par différentes manifestations de xénophobie, pouvant aller jusqu'au racisme, faisant des étrangers leurs boucs émissaires. Exemples de courants de l'extrême droite : - néofascisme, - néonazisme, - l'Action française - racisme (exemple : Ku Klux Klan au USA) - religieux traditionalistes, - la mouvance identitaire. - partis populistes, nationalistes et souverainistes (Rassemblement National, MNR en France). Selon Michel Winock, historien français, " l'extrême droite française est comme une rivière souterraine " Eric Zemmour ne vient pas de nulle part : il est le dernier rejeton d'une famille de pensée ultradroitière bien vivante depuis la fin du XIXe siècle. Les démocraties dites illibérales à l'est de l'Europe ne sont pas des régimes fascistes ou nazis et l'acteur soviétique a disparu. En outre, les gouvernements de l'entre-deux-guerres sautaient tous les sept mois, alors que notre régime fait preuve d'une grande stabilité. En revanche, xénophobie et racisme font bien partie des deux époques : dans les années 1930, des mots d'ordre se répandent, qui aboutiront au renvoi dans leur pays de travailleurs étrangers, à l'exemple des Polonais très actifs dans les mines de charbon du Nord et du Pas-de-Calais. S'est ajoutée à cela une vague de discours, de slogans et de mouvements antijuifs. De ce point de vue, l'antisémitisme d'alors peut être comparé à l'hostilité actuelle envers l'islam. ============================================================== DÉSINFORMATION D’ÉTAT ? COMMENT RETAILLEAU APPLIQUE LA "MÉTHODE TRUMP" Après le succès électoral de Donald Trump aux États-Unis, la ligne conservatrice, voire identitaire a le vent en poupe et son représentant le plus illustre dans notre gouvernement c’est bien le ministre de l’Intérieur. Bruno Retailleau multiplie les sorties médiatiques et les polémiques dignes d’un pouvoir d'extrême droite. Il y a eu notamment la diffusion d’une info erronée dans l’affaire de la rixe de Poitiers pour justifier une politique ultra-sécuritaire contre ce qu’il appelle lui-même les narco-racailles. Le mois dernier, Bruno Retailleau s’était aussi attaqué à l’État de droit. Comment et pourquoi l’un des principes les plus importants de la démocratie est aujourd’hui menacé par notre propre ministre de l’Intérieur ? Trump et Retailleau n’hésitent pas à manipuler l’information au service de leur récit identitaire. On se souvient de la fake news de Trump sur les immigrants qui mangeraient des chiens et des chats… Bruno Retailleau a lui aussi fait de la désinformation dans l’affaire de la fusillade de Poitiers qui a coûté la vie à un adolescent. Le ministre de l’Intérieur avait évoqué, à tort, une rixe impliquant entre « 400 et 600 personnes ». Selon la police et le parquet, les brèves échauffourées n’ont concerné que quelques dizaines de personnes parmi la foule présente aux abords de la scène de crime. Et malgré ces informations, malgré les appels de la maire de Poitiers à Bruno Retailleau pour qu’il rétablisse la vérité, aucun démenti n’a été publié. Retailleau dira même à ce sujet : « Mon combat, ce n’est pas un combat statistique »… Comment expliquer cette difficulté qu’ont les politiques réactionnaires avec la vérité et avec les faits ? Dans le prolongement de cette discussion, on élargira la focale à l’échelle internationale et on analysera avec Beligh Nabli la poussée des partis d'extrême droite en Europe et dans le monde. Beligh Nabli Maître de conférences, Professeur de droit public à l'UPEC-Paris XII, Chercheur-doctorant European University Institute Maître de conférences Sciences Po Directeur de recherche à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) lesscriptoria: Parce que l'histoire se répète : atrocités, mutilations, meurtres, déni, bonne conscience, inversion des faits, falsifications de documents, de preuves, transformation ou oubli de pages d'histoire, soutien inconditionnel aux meurtriers ... Les pratiques restent toujours les mêmes ! A garder en mémoire : ancien article du Monde Diplomatique par Benjamin Stora Mort et résurrection du 17 OCTOBRE 1961 Longtemps effacé de la mémoire collective, le massacre du 17 octobre 1961 y a repris toute sa place, grâce à un combat obstiné dans lequel films et livres jouèrent un rôle majeur. Le 17 octobre 2001, le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, pose une plaque sur le pont Saint-Michel à la mémoire des Algériens tués le 17 octobre 1961. Des dizaines de morts, des centaines de blessés, des milliers d’expulsés, et 11 500 manifestants arrêtés, parqués au Palais des sports de la porte de Versailles à Paris et dans d’autres lieux. Des POLICIENS PARISIENS qui JETTENT dans la SEINE des manifestants algériens : longtemps, pourtant, le souvenir de cette soirée du 17 octobre 1961, terrible répression de manifestants dans la capitale française, restera effacé. Quarante ans après, diverses manifestations ont eu lieu, marquant une étape importante vers la reconnaissance officielle de ce qui s’est passé dans cette nuit tragique d’octobre 1961. En quarante longues années, que de chemin parcouru, d’obstacles franchis pour parvenir à une telle reconnaissance ! Dès l’indépendance de l’Algérie, en 1962, le fait tragique « 17 octobre 1961 » s’enfonce dans les eaux boueuses de la mémoire française. Rien qu’une tache noire, lointaine, qui semble disparaître dans l’indifférence, comme avalée dans les tourbillons de l’après-guerre d’Algérie. Enigme que cette plongée rapide d’un souvenir cruel ? Le 17 octobre 1961 a été recouvert par l’autre nuit de Maurice Papon, celle du métro « Charonne », le 8 février 1962. Ce soir-là, la police charge violemment des manifestants anti-OAS. On relèvera neuf morts, tous militants communistes. Leurs obsèques rassembleront une foule immense, émue, silencieuse. Charonne entre dans le Panthéon de la gauche. A quatre mois de l’indépendance algérienne, cette dernière reconstruit une histoire de son opposition à la guerre, en « oubliant » le vote des pouvoirs spéciaux de mars 1956; Ce premier recouvrement sera consolidé par les amnisties (quatre après 1962) des crimes liés à la guerre d’Algérie. La chaîne des amnisties successives a fabriqué l’amnésie de cette période. Il y a, enfin, la volonté d’oubli, légitime, des acteurs de cette nuit d’effroi. La censure aussi jouera son rôle : le livre que Paulette Péju consacre à cet événement tragique, Ratonnades à Paris publié en 1962, sera le dernier livre saisi et censuré de la guerre d’Algérie. Et le film documentaire de Jacques Panijel, Octobre à Paris tourné avec l’aide de la Fédération de France du FLN dans le bidonville de Nanterre en janvier 1962, restera lui aussi longtemps interdit d’écran. Un documentaire tourné par une équipe de télévision de la télévision belge ne verra jamais le jour : les rushes ont été « cisaillés » pendant le montage… En Algérie, la tragédie du 17 octobre 1961 sera commémorée comme la « journée de l’immigration ». Longtemps, ce pays se légitimera par des chiffres de « martyrs » innombrables. Les récits officiels présentent le peuple comme un « héros unique ». Côté français, la date restera soigneusement dissimulée. Quelques tentatives d’arrachement de vérités, bloquées dans la vase de l’histoire, ont pourtant lieu : dossiers dans des magazines de l’immigration des années 1970 comme Sans frontière plusieurs pages dans Les Porteurs de valises d’Hervé Hamon et Patrick Rotman, édité en 1979, quelques allusions dans des articles consacrés à la guerre d’Algérie (mais rien dans La Guerre d’Algérie d’Yves Courrière ou la série publiée en 1972-1974 par Historia Magazine). Dans l’après-1968, l’immigré figure en prolétaire exemplaire des combats ouvriers à livrer. Mais, curieusement, dans la littérature politique ou les images de cinéma des années 1970, rien n’est venu rappeler la sombre nuit du 17-Octobre. Le 17 octobre 1981, le journal Libération publie une longue enquête signée Jean-Louis Peninou relatant en détail la tragédie du 17-Octobre 1961. Vingt ans après l’événement, la séquence tragique longtemps refoulée dans les plis de la mauvaise conscience française sort enfin de l’ombre. L’arrivée de la gauche au pouvoir, le 10 mai 1981, permet-elle d’affronter le passé trouble algérien ? Pas vraiment. Ce travail journalistique sera en fait relayé et porté non par des militants de la gauche classique, mais par un nouveau groupe porteur de la mémoire des années algériennes, ceux que l’on appelle à l’époque « les beurs », ces enfants de l’immigration algérienne en France. Ainsi, une des premières émissions de Radio Beur est consacrée, le 17 octobre 1981, à la tragédie d’octobre 1961. « Nous avons été submergés d’appels de familles, de jeunes d’origine algérienne » se souvient Samia Messaoudi, qui animait cette émission. Le 3 décembre 1983, 60 000 personnes défilent à Paris au terme de la marche « pour l’égalité, contre le racisme », commencée le 15 octobre à Lyon et Marseille par des fils d’immigrés algériens et de harkis. A cette occasion, des responsables de la marche évoquent la Possibilité de se recueillir au pont de Bezons, là où furent violemment réprimés des travailleurs algériens dans la nuit du 17 octobre (certains y furent précipités dans la Seine). La seconde « Marche des beurs pour l’égalité des droits » tentera, sans succès, de concrétiser cette initiative l’année suivante, en 1984 (la marche arrivera à Paris le 2 décembre 1984). L’initiative de commémoration du 17-Octobre sera ensuite reprise (certains diront récupérée) par SOS-Racisme après sa fondation, en 1985. C’est aussi par les livres, romans et essais que revient cette mémoire meurtrie. En mars 1984, paraît à Paris un roman policier de Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire. L’auteur fait débuter son roman policier par la manifestation du 17-Octobre. Il imagine qu’un jeune professeur d’histoire, après avoir croisé sur le boulevard Bonne-Nouvelle l’un des cortèges algériens, devient la seule victime française de la répression. Vingt ans plus tard, son fils est abattu dans des conditions mystérieuses. Ce roman sera porté à l’écran par la première chaîne de télévision française en 1986. Un autre roman sera publié l’année suivante, en avril 1985, de Nacer Kettane, Le Sourire de Brahim racontant 1 histoire d’un enfant de 8 ans pris dans l’engrenage de cette nuit terrible, où il a vu mourir l’un de ses frères. L’auteur écrit : « Les berges de la Seine étaient jalonnées de cadavres et sous le pont Mirabeau avait coulé le sang. Hommes noyés, torturés, à jamais témoins de la barbarie, vous êtes comme un souffle de vie suspendu qui rafraîchira la mémoire des générations en pèlerinage d’identité. » Peu à peu, à travers les manifestations et les premiers romans, émerge une conscience de filiation des enfants de l’immigration algérienne avec cet événement. Le 17-Octobre arrive comme une date fondatrice d’un combat pour l’égalité citoyenne et la dignité. L’année suivante, en avril 1986, sort le premier ouvrage de synthèse de l’événement, Les Ratonnades d’octobre, un meurtre collectif à Paris de Michel Lévine. Vingt-cinq ans après Paulette Péju, l’auteur ne rajoute pas de spectaculaire à la restitution des faits, ne se départit pas de la distance et de la neutralité de l’observateur, et livre juste un diagnostic, effrayant. Le travail s’appuie essentiellement sur des témoignages : - Mohamed Badache, que deux policiers ont étranglé avec un lacet, puis jeté dans un fossé. - Mohamed Trachi, assommé et précipité dans la Seine au pont de Suresnes. - Slimane Alla, dont le frère, arrêté, n’est jamais réapparu depuis. - Ahcène Boulanouar, battu, violé et jeté dans la Seine face au jardin Notre-Dame. - Bachir Aidouni, rescapé d’une tentative de noyade. - Ramdane Berkani, assommé à coups de crosse. - Medjouli Lalou, violemment matraqué sur tout le corps, puis abandonné au coin d’une rue, incapable de bouger. - Akli Ben-haji et son ami Arezki, tabassés à coups de barre de fer et laissés dans le bois de Meudon. - Ahmed Bouzidi, dont le neveu est retrouvé noyé. Mais le livre arrive peut-être trop tôt, et ne rencontre pas son public. Cette année-là, Ali Haroun publie La 7e Wilaya histoire de la Fédération de France du FLN, où le 17-Octobre est restitué en pleine lumière. Et l’hebdomadaire de l’Amicale des Algériens, Actualité de l’émigration publie en octobre 1986 un numéro spécial d’« Hommages et témoignages », sous la direction d’Abdelkader Djheghloul. Cet activisme de l’année 1986 ne parvient pas pourtant à rompre le blocus de l’amnésie. En fait, le passage des douleurs privées à la mémoire collective est un processus difficile, semé d’embûches. Comment reconnaître le fait « 17 octobre 61 », alors que la guerre d’Algérie n’existe toujours pas, officiellement, en France ? Comment évoquer des crimes dans une « guerre sans nom » ? Pourtant, tout au long de ces années 1980, cet événement réapparaît comme symptôme du malaise qui touche les générations issues de l’immigration maghrébine, confrontées à la persistance d’un RACISME de type COLONIAL. En scrutant la nuit du 17-Octobre, certains d’entre eux en tirent la radiographie sans appel d’un monde malade et blême. Le combat livré par les enfants de l’immigration algérienne (les « beurs ») fera craquer le « silence du fleuve », pour reprendre le titre du beau livre d’Anne Tristan et Mehdi Lalaoui publié en 1991. En 1991, à la veille du trentième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, s’ouvre en effet un nouveau cycle, crucial pour la reconnaissance de l’événement, par trois faits : le documentaire français Les Années algériennes de Philippe Alfonsi, Bernard Favre et Benjamin Stora, qui consacre une demi-heure au 17-Octobre (avec les témoignages du photographe Elie Kagan et du journaliste Farid Aïchoune, âgé de 8 ans au moment des faits) ; la parution du livre de Jean-Luc Einaudi, La Bataille de Paris qui rencontre un grand écho dans les médias français (l’auteur participe ainsi à une grande émission littéraire de télévision animée par Bernard Rapp, en novembre) ; et, surtout, la manifestation organisée par l’association Au nom de la mémoire, dirigée par Mehdi Lalaoui, David Assouline, Samia Messaoudi, le 17 octobre 1991. Cinq mille jeunes défilent ce soir-là sur les Grands Boulevards, place de l’Opéra, sur les lieux mêmes où trente ans auparavant certains de leurs pères avaient été réprimés. En plus de la manifestation du trentenaire sur les Grands Boulevards, l’association multiplie les initiatives pour faire resurgir ce passé tragique : plaque posée au Pont de Bezons en octobre 1991 (plaque arrachée peu de temps après) ou exposition photographique inaugurée la même année par un ministre de l’éducation nationale qui s’appelait Lionel Jospin. Cette association est de ces acteurs efficaces qui œuvrent dans l’ombre pour que la reconnaissance intervienne. Elle est rejointe par d’autres : le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), principal artisan des rassemblements annuels au pont Saint-Michel, ou la Ligue des droits de l’homme. En 1992, est diffusé à la télévision française le documentaire anglais Une journée portée disparue de Philip Brooks et Alan Hayling. Les responsables d’au nom de la mémoire, qui demandent réparation des torts subis par leurs pères, font à nouveau parler d’eux en organisant une manifestation devant le palais de justice de Bordeaux, en 1998. Car c’est aussi par le procès de la déportation des juifs de Bordeaux que la guerre d’Algérie fait son retour. Près de quarante ans après, le souvenir d’Octobre 1961 revient à la surface à l’occasion du procès contre MAURICE PAPON en octobre 1998. Son ROLE dans la guerre d’Algérie est mis en relief par Jean-Luc Einaudi. L’ancien préfet de police de Paris intente alors un procès en diffamation à l’encontre de ce dernier. Aux audiences du procès pour diffamation, en février 1999, il livre sa version sur l’Octobre sanglant de Paris. Il plonge dans l’ambiance de la guerre d’Algérie, vu du côté de l’ordre, le temps de dire que « ses effectifs étaient insuffisants ». De dire aussi que les 11 000 interpellés furent, « grâce à leur bonne volonté, bien contents de se voir mis à l’abri et débarrassés de la corvée de manifester ». Maurice Papon perd son procès contre Jean-Luc Einaudi. Et, pour la première fois, l’Etat français, le 12 février 1999, par le substitut Vincent Lesclous, reconnaît solennellement la réalité du « MASSACRE » commis ce jour-là PAR des MEMBRES DES FORCES DE L'ORDRE «reniant les valeurs, se refusant à la discipline, jouets de la haine qui les a aveuglés ». lesscriptoria: 2) Jusque-là, seul le rapport commandé en 1997 par M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur, au conseiller d’Etat Dieudonné Mandelkern, évoquant la « répression très dure », avait officiellement admis que le nombre de morts parmi les manifestants algériens pouvait se monter à trente-deux. En 1999, sort sur les écrans français le beau film de Boualem Gerdjou, Vivre au Paradis avec pour interprète principal Rochdi Zem. Le film raconte la vie quotidienne d’ouvriers immigrés algériens dans le bidonville de Nanterre en 1961. La séquence 17-Octobre apparaît sous la forme d’une longue procession nocturne, silencieuse. Silence rompu par le bruit sourd des matraques et des cris étouffés. Le 10 août 1999, le journal Libération révèle le rapport rédigé par M. Jean Géronimi, avocat général à la Cour de cassation. Ce rapport, commandé en octobre 1998 par la garde des sceaux Elisabeth Guigou, BRISE LES MENSONGES DE LA VERITE OFFICIELLE établie depuis octobre 1961. M. Géronimi estime que « l’on peut évaluer à quarante-huit » le nombre de personnes tuées dans la nuit du 17 au 18 octobre 1961. Pour la première fois, une enquête officielle aboutit à un chiffre précis, loin du bilan officiel de l’époque. Les recherches de Jean Géronimi établissent que les responsables gouvernementaux de l’époque étaient informés de ces faits. La vérité a réussi à se frayer un chemin. Mais les deux archivistes qui ONT ACCOMPLI LE TRAVAIL DE RECHERCHE, et contribué à divulguer le nombre de morts d’octobre 1961, SONT SANCTIONNES et relevés de leurs postes… Au moment du quarantième anniversaire du 17-Octobre, Au nom de la mémoire édite les travaux d’un colloque organisé à la Sorbonne en octobre 1998. L’ouvrage publie pour la première fois l’intégralité du rapport du conseiller d’Etat Mandelkern. On y apprend que certaines ARCHIVES auraient DISPARU, telles celles du Service de coordination des affaires algériennes (SCAA), celles de la brigade fluviale, les fichiers d’identification des manifestants retenus à Vincennes et au Palais des sports, ou, de manière plus étonnante encore, le rapport envoyé au lendemain de la manifestation par le préfet de police au ministre de l’intérieur, dont, pourtant, le président de la République et le premier ministre de l’époque étaient également destinataires. Il donne, en annexe de ces archives conservées ou déclarées disparues, une liste extrêmement précieuse pour demander leur consultation ou interroger les plus hautes autorités de l’Etat sur leur sort. Mais le rapport reprend à son compte sans les contester les assertions policières sur les « coups de feu échangés » et les « violents affrontements » sans s’interroger sur la fiabilité des rapports de police qui en font état, alors que le croisement avec les témoignages des manifestants rescapés comme ceux des Parisiens étrangers à la démonstration conduisent pourtant à les contester sérieusement. Le travail universitaire prend, à ce moment, une tournure importante. Linda Amiri, étudiante en histoire de l’université Paris-VIII (Saint-Denis), publie son mémoire de maîtrise fondé sur l’étude des archives de la Préfecture de police, de la Cimade et surtout celles, en grande partie inédites, de la Fédération de France du FLN, qu’elle s’est vu confier par l’un de ses responsables d’alors, Ali Haroun . Elle confirme notamment les méthodes de l’organisation pour contraindre les Algériens « craintifs » à manifester : listes de noms et adresses des récalcitrants, qui sont l’objet de « très graves sanctions ». Le travail de Linda Amiri se poursuit en ce moment par la préparation d’une thèse. Elle a eu accès, notamment, aux archives du cabinet du préfet Maurice Papon. Dix ans après La Bataille de Paris Jean-Luc Einaudi, outre l’hommage qu’il rend au travail du photographe Elie Kagan, donne, après avoir enfin reçu l’autorisation de consulter les archives de l’Assistance publique, de la gendarmerie, du Fonds d’action sociale, du cimetière de Thiais, du parquet de Paris et de la Préfecture de police (dont celles de l’Institut médico-légal), le résultat de ses investigations dans un nouveau livre. L’ensemble des faits est regroupé dans une chronologie qui commence au début du mois de septembre 1961, quand Maurice Papon donne pour instruction écrite : « Les membres des groupes de choc [du FLN] pris en flagrant délit de crime doivent être abattus sur place par les forces de l’ordre. » C’était la transposition à Paris des « habitudes » d’Algérie : l’exécution de prisonniers pris les armes à la main, qui s’ajoutait à cette autre contagion qu’était le transfert de pouvoirs de police à des militaires. La force de police auxiliaire commandée par le capitaine Raymond Montaner était, en effet, chargée depuis plusieurs mois de faire à Paris la guerre au FLN avec les méthodes bien connues, y compris la torture et l’assassinat, de la « bataille d’Alger ». Sans compter que le « PERMIS DE TUER » donné par le préfet pouvait être interprété de manière extensive : des syndicalistes policiers ont témoigné qu’il avait fait savoir que le nécessaire serait fait pour que, s’il le fallait, des armes soient déclarées trouvées sur tout Algérien tué par des policiers. L’universitaire Jean-Paul Brunet, dans son ouvrage Police contre FLN avait critiqué, sévèrement, les chiffres avancés par Jean Luc Einaudi (400 morts pour la nuit du 17 octobre 1961). A partir de l’ensemble des sources qu’il a pu consulter, Jean-Luc Einaudi dénombre cette fois, entre septembre et octobre 1961, 325 victimes « dont la mort peut très vraisemblablement être imputée à l’action de la police ». Dans 159 cas, elle est intervenue le 17 octobre ou les jours suivants. S’y ajoutent 68 disparus, l’auteur laissant entendre que la question d’une dissimulation délibérée d’une partie des cadavres reste posée. Suivent huit pages entièrement remplies de la longue litanie des noms de ces victimes. En 2004, l’exposition « Photographier la guerre d’Algérie », à l’hôtel de Sully, à Paris, dévoile des photographies inédites du 17 octobre 1961, prises par le photographe de France Soir photos jamais publiées. Elles montrent des Algériens en longue file indienne sur la place de l’Opéra, les bras sur la tête, d’autres sauvagement matraqués, et des cadavres allongés dans les rues de Paris. Ces images disent qu’il reste encore des choses à découvrir sur cette nuit tragique… Benjamin Stora, historien lesscriptoria: l'Union JUIVE Française pour la PAIX : Entre Rosh Hashana (nouvel an juif 5785) et Yom Kippour, des collectifs juifs contre le sionisme et le génocide ont organisé des cérémonies spirituelles, des déclarations ou des actions dans au moins 41 villes du monde. Au sein de Global Jews for Palestine (GJP - présent sur les 5 continents), le réseau European jews for Palestine (EJP - 24 organisations de 16 pays) a coordonné des initiatives et organisé la cérémonie officielle de lancement du réseau au Parlement Européen (1er Tishri 5785, 3/10/2024). En ces 10 “jours terribles”, ceux du jugement, nous nous élevons face à l’horreur contre les Palestiniens unis et fiers de la DoyKait : notre ancrage dans nos diasporas. A Paris, la célébration était inter-convictionnelle, à New-York, juive et Palestinienne, et, comme souvent, avec le soutien de plusieurs confessions et communautés. Nous revendiquons des judéités décoloniales en solidarité avec la Palestine, un cessez-le-feu immédiat et la fin du régime d’apartheid israélien ayant conduit à ce génocide. Nous refusons que cette guerre soit menée au nom de la mémoire et de la protection des juifs. La lutte pour la justice par-delà les frontières que mènent ces communautés juives face à l'inaction de nos gouvernements est historique : juif.ve.s et citoyen.ne.s du monde, levons-nous ! Libérons le judaïsme et la Palestine ! lesscriptoria: Les chiffres parlent d'eux mêmes ! blessés et morts 1) entre 2008 et 2020 blessés et morts 2) entre 2008 et 2022 morts 3) du 7 octobre 2023 au 5 novembre 2024 Chiffres ONU Population 4) population à Gaza, en Cisjordanie et en Israel en 2023 Israël comptait en 1948 seulement 806.000 habitants 8,1 millions à la mi-2013 Israël compte aujourd'hui 9,5 millions d'habitants, dont environ 21 % d'Arabes (musulmans, pour la plupart), et 74 % de Juifs. lesscriptoria: Appel aux Juifs de France pour la Justice et la Paix Il [Chim'one le fils de Rabbane Gamliel] avait l’habitude de dire : "Le monde tient sur trois piliers : la justice, la vérité et la paix", comme il est dit (Zacharie 8, 16) : "Rendez des sentences de vérité et de paix dans vos portes." Pirkei Avot, chapitre 1 - Michna 18 "Etre juif, c'est être toujours au côté des opprimés et jamais du côté des oppresseurs." Marek Edelman, commandant en second de l'insurrection du ghetto de Varsovie. Nous venons de différents milieux, religieux ou non, de différentes origines, séfarades, ashkénazes. Pour beaucoup d’entre nous, nous avons de la famille en Israël. Nous ne prétendons aucunement représenter tous les Juifs de France. Mais nous disons notre horreur à propos de ce qui se passe en Palestine et à Gaza en particulier Nous disons : - Pas en notre nom cette politique coloniale, raciste et suprémaciste. - Pas en notre nom ce génocide en cours. Parce que nous savons ce qu’ont subi les familles de certains d’entre nous durant la shoah, nous ne pouvons supporter ce qu’endure le peuple palestinien actuellement. Parce que nous savons parfaitement ce qu’est le racisme antisémite et ses conséquences tragiques : - nous ne pouvons supporter que l’on traite d’antisémite toute critique légitime des politiques israéliennes en cours de destruction de la Palestine et d’anéantissement du peuple palestinien. - nous ne pouvons défiler contre l’antisémitisme en compagnie des racistes avérés du RN et de Reconquête. - nous serons toujours du côté des populations discriminées et stigmatisées (Musulmans, Arabes, Rroms, Africains sub-sahariens, sans-papiers…) Notre sécurité ne peut être assurée là-bas par l’Etat israélien. Nous en avons une preuve depuis la barbarie du 7 octobre. Elle ne peut être assurée aussi ici qu’en luttant ensemble contre toutes les formes de racisme sans les hiérarchiser. Enfin il ne peut y avoir de paix entre Méditerranée et Jourdain que dans la réparation des injustices subies et l’égalité des droits pour tous. Union Juive Française pour la Paix - U.J.F.P. Appel lancé il y a un an déjà, novembre 2023 ! lesscriptoria: Union Juive Française pour la Paix UJFP Il y a 86 ans déjà, la Nuit envahissait le monde Nous gardons entière la mémoire de la Nuit de cristal Le 10 novembre 1938, la violence nazie se déchaînait contre les Juifs d’Allemagne. Prenant prétexte de l’attentat d’un jeune juif polonais, Herschel Grynszpan, contre un diplomate allemand à Paris, Hitler et Goebbels lancèrent contre les Juifs un gigantesque pogrom. Les SA, les SS, les Jeunesses hitlériennes, la police locale participèrent à des actes de violence qui devaient simuler un acte de défense spontanée du peuple allemand : incendies, destructions à grande échelle visèrent les synagogues et les magasins juifs. Le terme euphémique de Kristallnacht (Les Allemands aujourd’hui choisissent de parler plutôt de Reichspogromnacht) évoque les vitraux de synagogues et vitrines brisées dont les débris jonchaient les rues. Plus de 300 Juifs furent assassinés la nuit même, plus de 2 000 moururent ensuite. Dans quel but ? Nous gardons en conscience la mémoire d’une volonté d’épuration ethnique qui constitua les prémices d’un génocide Les 70 000 Juifs allemands arrêtés furent pour la plupart relâchés dans les mois qui suivirent, à la condition qu’ils acceptent de quitter leur pays. L’effet de terreur provoqué dans la population juive allemande fut majeur, accompagné bientôt d’un renforcement de la législation antisémite, comme l’interdiction de toute activité commerciale ou l’exclusion des enfants juifs des écoles… L’Allemagne devait devenir judenfrei (« libre de juifs »). L’épuration ethnique était devenue l’expression brute de la politique anti-juive : il s’agissait de terroriser les Juifs pour les pousser à quitter le Reich. Plus tard, quand l’expulsion devint impossible à cause de la guerre et de l’extension démesurée de l’État raciste, une autre « solution » fut mise en place qui devait aboutir à la destruction des Juifs d’Europe. Nous ne voulons pas du retour de la nuit Nous ne voulons pas le retour de la nuit, la nuit qui détruit les lieux de culte, la nuit qui assassine, la nuit qui terrifie les populations désignées comme des sous-hommes et des animaux humains. Nous ne voulons pas du retour du racisme d’État ni d’aucune épuration ethnique. Nous ne voulons pas que de nouveaux génocides soient commis, où que ce soit. L’UJFP appelle les êtres non-inhumains à l’insurrection contre le silence de masse sur le crime de masse inouï qui s’invente sous leurs yeux… Notre mémoire s’appelle vigilance ! La Coordination nationale de l’UJFP, le 8 novembre 2024 lesscriptoria: ILS TIRENT SUR LES CASQUES BLEUS : ISRAËL DÉCLARE LA GUERRE AU DROIT INTERNATIONAL On peut le dire : la belligérance au Moyen-Orient s’est désormais installée au Liban, avec ce qui ressemble fort à une tentative d’occupation d’au moins une partie de ce pays par l’armée israélienne. Bien entendu, sous les ordres du Premier ministre Netanyahou. C’est le face-à-face entre Tsahal et Hezbollah, et il est meurtrier. Avec déjà des dizaines de milliers de morts et bien plus de familles déplacées. Et comme une forme de guerre dans la guerre, le pouvoir israélien s’en prend désormais aux Casques bleus de la FINUL, la Force intérimaire des Nations unies au Liban. Jusqu’ici la FINUL tient. Mais ce que l’on considérait comme un tabou d’après la Seconde guerre mondiale, l’inviolabilité des locaux des Nations unies et le devoir de non-agression vis à vis des soldats de la paix a volé en éclats. Israël veut-il en finir avec les Nations unies, et avec une certaine idée du multilatéralisme ? Puisque Tel-Aviv remet en cause non seulement les résolutions de l’ONU, l’UNRWA, la FINUL et même la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice ? Qui dans la communauté internationale défendra vraiment le système de “maintien de la paix” né après la Deuxième guerre mondiale et qui semble mourir chaque jour un peu plus ? Nous posons toutes ces questions à Bertrand Badie, politiste, professeur émérite à Sciences Po, auteur du récent “L’art de la paix” chez Flammarion. lesscriptoria: Genocide palestinien Chaque jour apporte son lot de massacres commis par les troupes génocidaires de Natanyahu ! Dans la nuit de dimanche 13 à lundi 14 octobre l’aviation israélienne a bombardé les tentes des réfugiés dans la cour de l’hôpital Al-Aqsa à Gaza. Au moins 20 victimes brûlées vives, des enfants, embrasés pendant leur sommeil, L’État d’Israël a ordonné l’évacuation de tout le nord de la Bande de Gaza, dont la ville de Gaza elle-même et annonce ouvertement son projet de vider entièrement, et d’occuper militairement, tout le nord de la Bande de Gaza. La famine, qui est une réalité pour l’ensemble de la population de la Bande de Gaza, est particulièrement aiguë dans le nord car les convois humanitaires sont bloqués. Le Génocide se poursuit pour le 373e jour, avec 42 227 morts, et 98 464 blessé.e.s femmes et enfants pour la plupart. Agression du peuple libanais Tandis qu’on assassine en masse les Palestiniens, Netanyahu envahit le territoire d’un pays allié de la France et tire même sur les « casques bleus » de l’ONU, soldats de la paix, L’AFP dénombre 1 300 libanais.es morts depuis le 23 septembre. Cinq soldats de l’ONU ont été blessés l’armée israélienne a tiré de ,« façon répétée » et « délibérée » sur les positions de la "Finul" infligeant « beaucoup de dommages »,déclare la Finul. La volonté de conquête de Netanyahu est claire : « mettez les forces de la Finul à l’abri » ordonne-t-il au secrétaire général de l’ONU,. » Il faut le faire tout de suite, immédiatement ! » ordonne-t-il ! De plus Netanyahu menace encore les libanais : si le Liban ne se lance pas dans une guerre civile pour éliminer le Hezbollah, il lui fera subir le même sort que celui de Gaza ! Les condamnations de pure forme du gouvernement français ne suffisent pas ! Il est indispensable de prendre des sanctions ! Nous appelons à nous porter, plus que jamais aux côtés des peuples palestinien et libanais Pour le cessez-le-feu immédiat et permanent tant à Gaza qu’au Liban Arrêt des bombardements et des déplacements forcés de la population ! L’arrêt de la livraison d’armes à Israël et de la coopération Europe/Israël. Protection du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie ! Des sanctions contre l’État génocidaire ! Marchons pour stopper l’agression israelienne à Gaza et au Liban s Samedi 19 octobre 2024 15h place Jean Macé Collectif 69 Palestine |
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"L’histoire de l’immigration venue d’Afrique du Nord présente à la fois des traits communs aux migrations algérienne, marocaine et tunisienne, que ce soit dans les rythmes et les causes de l’émigration/immigration où celle de leur installation en France, et des caractéristiques qui permettent de les distinguer d’autres origines migratoires, notamment le lien avec la situation coloniale et post-coloniale.
Contrairement à une idée reçue, l’histoire des migrations du Maghreb vers la France ne commence pas avec la deuxième moitié du vingtième siècle.
Elle s’inscrit dans un temps bien plus long, même si la période des Trente Glorieuses et le moment des décolonisations connaissent l’accélération de ce courant migratoire.
Jusqu’aux années 1930, l’Afrique du Nord fut une terre d’immigration (ainsi que de migrations interrégionales) plus que d’émigration.
On sait combien l’Algérie coloniale, notamment, attira des centaines de milliers d’Européens, qui allaient former la composante « pied-noir » de la population.
Mais l’aggravation de la paupérisation des populations autochtones et rurales, couplée à l’augmentation de la population, provoquent, dès la fin du XIXe siècle, un double mouvement d’exode rural et d’émigration en dehors des frontières, dans un contexte colonial puisque l’Algérie est colonie française depuis 1830 (devenue département dès 1848), la Tunisie et le Maroc des protectorats depuis respectivement 1881 et 1912.
A part quelques personnalités politiques ou culturelles (par exemple Abd-el-Kader), les premiers travailleurs migrants d’origine nord-africaine en France sont, à la veille de la Première guerre mondiale, quelques milliers d’Algériens, qui travaillent notamment dans les usines de Marseille.
C’est la Première guerre mondiale qui amorce véritablement le mouvement migratoire vers la France.
Près de 500 000 soldats et travailleurs d’Algérie, du Maroc et de Tunisie sont recrutés par le Service de l’Organisation des Travailleurs Coloniaux, créé en 1916 au sein du Ministère de la Guerre.
Les pouvoirs publics français renvoient en 1918 travailleurs et soldats dans leurs colonies d’origine, mais certains réussissent à rester en France. Dès 1921, plus de 35 000 sujets algériens sont recensés en France, leur nombre atteint plus de 85 000 en 36, avant de redescendre à 72 000 à la veille de la seconde guerre mondiale, et seulement 22 000 en 1946.
L’immigration marocaine suit le même mouvement d’ensemble, mais à une échelle bien moindre, puisqu’elle culmine à 21 000 dans les années 1920.
Ce mouvement migratoire de l’entre-deux-guerres s’inscrit dans une période de très forte immigration, puisque la France est, dans les années 20, le premier pays d’immigration du monde, devant les Etats-Unis.
Les immigrants viennent alors majoritairement d’Europe, surtout d’Italie ou de Pologne.
Au sens strict, les « sujets » et « protégés » algériens ou marocains ne sont pas des « immigrés », puisqu’ils ne sont pas des étrangers (ils ont la nationalité française, mais pas la citoyenneté) ;
Cependant, loin de leur faciliter leur installation en France, cela la complique plutôt, puisqu’une réglementation stricte soumet les sorties des ressortissants des territoires colonisés à autorisation.
La libre circulation pour les sujets algériens est décidée par le Front Populaire en 36, mais suspendue dès 1937, et le principe n’en sera rétabli qu’en 1946.
Une brigade de police nord-africaine est créée en métropole en 1925, pour surveiller spécifiquement les travailleurs coloniaux.
Cette surveillance policière s’accompagne d’une volonté d’intervention sociale, manifestés notamment par la création de la Grande Mosquée de Paris en 1926 et de l’hôpital francomusulman de Bobigny.
L’immigration maghrébine (essentiellement algérienne, on l’a vu), de l’entre-deux-guerres est surtout une immigration de travail, très majoritairement masculine, comprenant encore peu d’immigration familiale, et marquée par un fort taux de rotation des immigrants.
A plusieurs reprises, les retours l’emportent sur les départs, notamment au moment de la crise de 1929.
C’est aussi dans cette émigration que se forment la plupart des leaders nationalistes maghrébins (voir à ce sujet les travaux de B. Stora).
Les migrations du Maghreb vers la France reprennent à partir de 1946.
En ce qui concerne les Algériens, elle est facilitée par la liberté de circulation, instituée à partir de 1946.
Entre 1946 et 1954, le solde migratoire est proche de 185 000 personnes.
Le nombre de migrants marocains et tunisiens est encore faible.
La guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), même si elle ralentit un peu les nouvelles entrées, ne marque aucun temps d’arrêt dans les migrations algériennes :
le solde migratoire des « français musulmans d’Algérie » en France d’Europe reste de 91 000 entre 1954 et 1962.
L’année 1962 et les suivantes sont aussi marquées l’exil définitif de plus d’un million de pieds-noirs et de dizaines de milliers de harkis (musulmans français d’Algérie supplétifs de l’armée française ).
En 1962, 16% de la population étrangère en France est de nationalité algérienne, et l’immigration maghrébine étrangère dans son ensemble représente 1/5e de la population étrangère en France.
Les départs d’Algérie plafonnent à partir de 1964, tandis qu’une forte migration marocaine commence à se dessiner.
La population marocaine en France est multipliée par 2,5 entre 1962 et 1968, par 3 entre 1968 et 1975, pour atteindre 430 000 personnes en 1975 et 570 000 en 1990.
L’immigration tunisienne, la plus récente et la plus limitée, se développe aussi dans les années 60.
A la veille de l’indépendance tunisienne, en 1954, il n’y a que 5000 Tunisiens en France (1/4 des émigrés tunisiens de l’époque).
Les années 50 à 70 voient une modification importante des migrations maghrébines : jusque-là migrations souvent temporaires, elles deviennent des migrations d’installation, beaucoup plus familiales qu’elles ne l’étaient jusque-là.
Cet aspect s’est renforcé depuis 1974 et l’arrêt officiel de l’immigration de travail.
Depuis plus d’un siècle, la France est donc marquée par une présence maghrébine, diverse dans ses origines géographiques, culturelles et sociale.
La société française dans son ensemble a développé de très nombreuses représentations de cette présence, tandis que les cultures maghrébines modifiaient en retour la culture française.
C’est cet aspect de l’histoire des migrations entre le Maghreb et la France que l’exposition Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France, met en lumière.
- La passion d’Abd el-Kader (fin XIXe - 1914 )
À la veille du premier conflit mondial, les Maghrébins de France ne sont que quelques milliers, mais les contacts et la découverte mutuelle s’intensifient au rythme de l’entrée des pays du Maghreb dans un empire colonial alors au faîte de sa puissance : l’Algérie dès 1830, la Tunisie en 1881, le Maroc en 1912.
Les violences de la conquête ne parviennent que très atténuées en métropole, reléguées au second plan par la propagande officielle et un imaginaire mêlant stéréotypes, curiosité paternaliste et fascination sincère.
En écho aux exhibitions, dès 1855, des artistes et saltimbanques du Maghreb qui attirent les milieux populaires dans les expositions universelles et coloniales, la vogue orientaliste et les récits de voyages des explorateurs et des officiers imprègnent les couches aisées de la société.
Alors que les premiers ambassadeurs marocains et tunisiens sont reçus avec faste en France à partir des années 1840, les pionniers du réformisme maghrébin y font des séjours prolongés :
Kheireddine et Ibn Abi Dhiaf de Tunisie et l’émir Abd elKader, vaincu en Algérie mais populaire en France, tentent de comprendre les ressorts de la puissance triomphante et vont impulser des réformes dans leur pays.
Trois dynamiques migratoires s’amorcent alors et vont pour longtemps marquer la présence maghrébine en France.
D'une part, dès la conquête de l’Algérie, l’armée française mobilise dans les colonies : spahis, turcos, tirailleurs et tabors sont de toutes les guerres du XIXe siècle.
D'autre part, le lycée Saint-Louis à Paris accueille au tournant du siècle les premiers étudiants tunisiens.
Enfin, des travailleurs de Kabylie participent à la construction du métropolitain et, à la veille de la guerre, quelques milliers d’Algériens travaillent déjà dans les mines du Nord.
- La casquette et la chéchia (1914 - 1918)
Durant la Première Guerre mondiale, près de 300 000 soldats et 130 000 ouvriers originaires du Maghreb sont mobilisés tant dans les tranchées qu’à l’arrière du front, dans les champs et dans les usines, pour remplacer les Français partis à la guerre.
Cette nouvelle présence, vu son importance démographique et son impact sur les mentalités, marque un virage pour la migration ouvrière maghrébine en France, peu fournie jusque-là.
Surprises dans un premier temps, voire craintives, les populations françaises manifestent assez rapidement leur enthousiasme et même leur sympathie à l’égard de ces soldats dont le discours dominant célèbre depuis plusieurs décennies déjà la rusticité et le courage.
Toutefois, cela n’empêche pas les explosions xénophobes, comme en 1917.
Avant toute autre institution, l’armée met en place une gestion spécifique de ces populations, censée répondre à leurs besoins particuliers (respect des interdits alimentaires et des rites funéraires, édification de lieux de culte), mais elle entretient aussi la méfiance et le soupçon, et s’emploie à empêcher tout contact — nécessairement « néfaste » — entre Françaises et indigènes.
Pour les soldats maghrébins survivants (environ 30 000 sont morts au front), la découverte de la métropole, comparée à l’univers colonial foncièrement inégalitaire, est essentielle.
La confrontation à la guerre comme au salariat moderne ouvre de nouvelles perspectives.
-Les cheminements de la conscience (1918 - 1945)
Malgré de multiples entraves administratives et des vagues d’expulsions, plus de 400 000 Maghrébins auraient traversé la mer entre 1921 et 1939.
Aux côtés de quelques centaines d’étudiants — qui lancent l’Association des étudiants musulmans nord-africains (l'AEMNA) vers 1927 — , cette émigration ouvrière concentrée en région parisienne, près de Lyon et dans le Nord vit dans des conditions précaires et se trouve régulièrement confrontée à la xénophobie.
Elle est aussi l’objet d’un encadrement administratif à la fois tatillon et paternaliste qui doit, pense-t-on, la prémunir de « la contamination communiste » et des dangers de la ville moderne.
À cet égard, le faste de l’inauguration, en 1926, de la Mosquée de Paris, ne constitue qu’une parenthèse conviviale.
De fait, l’activisme nationaliste maghrébin en métropole n’est pas qu’une lubie de l’administration.
Nourris à la fois par les idées du réformisme musulman, les valeurs de la Révolution de 1789 et leurs contacts avec le mouvement ouvrier français, les pionniers du nationalisme sont à pied d’œuvre dans la capitale.
À la même époque, chanteurs et musiciens favorisent la prise de conscience nationaliste des ouvriers nord-africains et les mettent en garde contre la perdition qui les guette en exil.
La Deuxième Guerre mondiale met un point d’arrêt provisoire à cette effervescence. Les Nord-Africains sont à nouveau mobilisés en 1939 puis, par le biais de l’armée d’Afrique, deviennent le bras armé de la France libre.
Dans la France occupée, si quelques-uns versent dans la collaboration active, d’autres rejoignent les rangs de la résistance communiste et la majorité reste dans l'expectative.
À l'image d'un pays auquel ils commencent, déjà, à ressembler.